mercredi 29 avril 2020

Fuckaillages & (ir)Raisonnabilités Si La Saison 2019-2020 de la LNH est Annulée

Il y a eu une pléthore d'échanges cette année, et par le passé, impliquant des choix conditionnels et des locations de joueurs à la date limite des échanges.

Si la saison est annulée et que les conditions ne sont pas totalement réunies, comment s'arrangerons nous?

Prenons un cas en exemple:
Vancouver. Quand les Canucks ont acquis J.T.Miller du Lightning cet été, une fameuse acquisition puisqu'il contribue largement au succès du club depuis, ils l'obtenait en retour d'un choix de première ronde en 2020. Toutefois si les Canucks rataient les séries cette saison, ce choix devenait un choix de première ronde en 2021.

Prenons un autre exemple:
Quand les Flames ont échangé James Neal aux Oilers en retour du lent et lourd Milan Lucic, les Flames devaient recevoir aussi un choix de troisième ronde en 2020 sous conditions fort originales. Neal devait marquer 21 buts et plus, et Lucic devait finir la saison avec au moins 10 buts de moins que Neal. Quand la LNH a suspendu ses activités le 12 mars dernier, Neal avait 19 buts avec 11 matchs lui restant à jouer. Lucic en avait 8, avec 12 matchs à jouer. (Parenthèse: Lucic, capable de 30 buts au moins une fois, et de 20 et plus 5 fois, avec 8...avec McDavid & Draisatl...assez impardonnable, c'est un de moins que Ben Chiarot!).

Assumons que la LNH, à un certain moment, est forcée de ne pas reprendre ses activités, qu'aucune Coupe ne sera livrée et que la LNH clôture la saison actuelle dans un mois et demi. C'est à ce moment que ces deux cas, et bien d'autres, deviendront intrigant.

Comment les solutionner raisonnablement?
Et on sait que la raisonnabilité n'existe pas dans la LNH sinon Boston n'aurait pas gagné de Coupe en 2011 et les salaires de la LNH ne seraient pas ce qu'ils sont en ce moment.

Dans le premiers cas, celui des Canucks, supposons que ceux-ci aiment beaucoup les joueurs disponibles parce que justement, il y a beaucoup beaucoup à aimer. Au 12 mars, les Canucks ne faisaient pas les séries. Mais si, avec les matchs restants à jouer, on appliquait la moyenne des points accumulés jusqu'à maintenant, les Canucks passeraient en séries et ce sont les Jets qui en seraient écartés comme troisième As dans la conférence de l'Ouest.
Les Jets, justement, ont acquis des Golden Knights Cody Eakin en retour d'un choix conditionnel de quatrième ronde en 2021, qui deviendrait un choix de troisième si les Jets se qualifiait en séries et signaient aussi Eakin avant le 5 juillet...La saison reprendra peut-être autour du 5 juillet...
Les deux équipes, Winnipeg et Vancouver, auront intérêt à dire qu'ils ne se qualifient pas en séries afin de tourner la complexité des deux échanges à leur propre avantage. Sans raisonnabilité comme la LNH le commande généralement.
Les Devils du New Jersey ont acquis du Lightning Blake Coleman et pourraient aussi argumenter, qu'avec le pourcentage de points, ils seraient un club qui feraient les séries et que le choix leur reviendrait en 2020.

Dans le second cas, les Oilers pourraient aussi argumenter qu'avec la même règle de pourcentage de points, Neal aurait atteint facilement  la marque de 21 buts (22), avec ses 19 buts en 55 matchs. Et que Lucic, avec 8 en 68, il aurait eu une saison de 9. Edmonton voudra alors son choix de troisième ronde.

Il y a eu un nombre étourdissant d'échanges impliquant toute sortes de conditions dans les dernières années. Mais que se passera-t-il si ces conditions ne peuvent pas être rencontrées? Ou même se conclure de manière raisonnable?  Certains gérants ont légitimement posé la question. La LNH a répondu qu'il n'existe pas de solutions en ce moment. Mais qu'ils ont quelques plans...C'est quand même la maladie et ses possibles freins qui choisiront pour tous.

Et que faire pour les clubs qui avaient fait des "locations" à la limite de la date butoir des échanges dans la LNH? par exemple, les Hurricanes de la Caroline. Quand ils ont acquis Sami Vatanen, ils savaient qu'il était blessé à une jambe. Ils ont donné trois joueurs pour ses services. L'un d'eux est le jeune Janne Kuokkannen, 21 ans, qui a marqué 42 pts en 52 matchs dans le club-école et qui devient au New Jersey, un joueur presque prêt à faire le club dès maintenant. Vatanen n'a pas joué un seul match avec les Hurricanes. Et allait être agent libre sans restriction le 1er juillet. On le savait blessé lorsqu'acquis, mais la Caroline est confortable pour une place en séries, les Hurricanes savaient aussi qu'il serait fort probablement remis à temps pour les séries. Qui n'ont jamais commencé...
Ils ont aussi donné aux Devils un choix de quatrième ronde. Les Hurricanes devraient maintenant être tant pénalisé et tout perdre? Lourde pénalité pour un club qui avait toutes les raisons de penser qu'ils pourraient compter sur Vatanen à temps pour les séries.

Une solution serait de choix compensatoires, comme un choix de quatrième ronde tout de suite après celui qu'ils ont donné aux Devils, mais encore là, c'est plus ou moins juste.

La Covid-19 a créé des tonnes de problèmes pour la LNH, et je ne parle pas encore du retour dans les arénas absolument non garanti puisque 61% des fans disent qu'ils n'y iraient pas si un vaccin n'existent pas.

Maux de tête par dessus maux de tête pour la LNH.

La Ligue pourrait aussi simplement dire que si les conditions ne sont pas rencontrées, et bien c'est comme ça, comme avec la maladie, on y peut rien.
Ready to boo me?

C'est un petit problème de gestion, mais un problème tout de même.

Un piège à cons qui ne l'étaient pas avant la connerie conne.

Du non raisonnable.

mercredi 22 avril 2020

Et Si Buff N'était Qu'Indépendant Dans un Monde d'Otages?

Toute sa carrière, Dustin Byfuglien a été une énigme. Son départ récent des Jets ne fera rien pour solutionner le mystère "Buff".

De son nom si difficile à prononcer comme il faut, à ses passages de la défense à l'attaque et à la défense à nouveau, à sa capacité à dominer un match jusqu'à ses comportements étranges, le gros #33 a toujours été l'un des joueurs les plus mystérieux , probablement incompris de la LNH d'aujourd'hui.

Si vous cherchez à comprendre le joueur, comprendre ce qui l'agace, la dernière séquence d'événements le concernant, se concluant par un divorce avec Winnipeg, ne vous éclairera pas plus. Qui tourne le dos à 14 millions et une chance de jouer dans une des bonnes équipes de la LNH?

Dustin Bouflin

Quand vendredi dernier on annonçait que c'était maintenant terminé entre Dustin et les Jets, qu'on en était venu à entente de séparation, que l'un des meilleurs joueurs du club acceptait de ne pas toucher les 14 millions qu'on lui réservait, on rajoutait du même coup un nouveau chapitre à l'intrigue.

Ce qui rend la chose plus mélante pour les mouches autour des vaches sacrées c'est que personne ne sait vraiment ce qu'il fera à partir de maintenant. Sa femme, Emily, ne le saurait même pas elle-même. Son agent, Ben Hankinson, qui perdra 3% du 14 millions (420  000$) ne le sait pas non plus. Est-ce qu'il prendra sa retraite, à 35 ans, et retournera vivre au Minnesota, d'où il est originaire, pour pêcher toute la semaine, pour le restant de ses jours? Aura-t-il envie de resigner avec un club de la LNH comme agent libre sans restriction? Une source près de lui a dit que si vous lui dites qu'il faut absolument qu'il joue, il ne jouera pas. C'est l'indépendance qui gère l'esprit de l'homme.

Une chose semble rester certaine. Il est en santé et aimerait jouer. Et bien des équipes y seraient intéressé. Malgré son âge, malgré sa cheville récemment travaillée et son absence du jeu depuis un an, bien des clubs le prendrait. Encore plus sachant que l'argent ne semble pas une motivation pour le jeune homme. Il y a eu quelques fois où Byfuglien s'est pointé au camp d'entraînement gras et complètement peu en forme. Mais il retrouvait la forme très rapidement et redevenait dominant. Terminer sa carrière avec le Wild est un fantasme que le Minnesota cultive en ce moment. Un retour à Chicago en ferait aussi vite un favori de la foule. Et si les Leafs, dont la vitrine pour gagner la Coupe n'est que de 2 ans, n'essaient pas de mettre la main dessus, juste essayer, leur état-major doit être limogé sur-le-champs.

Tant que, comme avec P.K. Subban ou Fredrik Andersen ou Tukka Rask, le club qui l'accueillerait, accepte de se prendre la tête quelques fois dans la confusion aussi souvent qu'il restera ébloui de son talent. Si il rejoue, les fans des Jets lui en voudront, c'est certain. Est-ce alors un simple cas de "À Winnipeg, les nuits sont longues?". Peut-être...Mais peut-être aussi que le style de vie sur la route ne l'intéresse tout simplement plus. Certains le haïront, mais c'est le cas de bien des divorces dont les ombres parfois deviennent des insultes quand trop longtemps trempées dans l'acrimonie.

Et surtout quand le divorce n'est initié que par un seul parti.

Si Dustin était vraiment égoïste, il aurait honoré les trois dernières années de son contrat en prenant l'argent et en ne jouant qu'à moitié. Quand il a décidé qu'il ne savait plus si il avait encore envie de jouer, il leur a annoncé qu'il resterait chez lui la veille du camp d'entrainement de la dernière saison. En octobre, il semblait y avoir une lueur d'espoir qu'il revienne. Fera-t-il un Sundin/Niedermayer/Williams et ne porterait-t-il l'uniforme qu'en janvier? C'est encore fort intelligent pour les millionnaires vétérans, des saisons de 50 matchs. Son agent avait, en Octobre, confirmé que son client voulait jouer, mais qu'il avait besoin de se faire opérer à la cheville d'abord.
Pas sur j'ai le goût de continuer, man

Ce qu'il a fait. Mais à ses frais. Pas égoïste ça non plus. Il aurait été facile de se faire opérer au frais de son club. Même sa réhabilitation post-opératoire aurait alors été payée. Et si cette réhabilitation ne solutionnait pas le problème tout de suite, il aurait pu mettre la même croix sur sa saison, et rester salarié. Mais il a choisi de boiter ailleurs.
Il y a des joueurs dans la LNH qui volent l'argent de leur club et ils le savent. Byfuglien n'est pas ce joueur. C'est tout à son honneur. Les Jets avaient le défenseur pour les trois prochaines années, après l'avoir signé comme l'un des talents les plus convoités sur le marché des agents libres. Si il revient dans la LNH, son absence de cette année lui coûtera peut-être cher.

Oui, il deviendra agent libre sans restriction, mais dans quel marché? dans quelle configuration de la LNH? Sera-t-il autant payé maintenant? et même si il l'était, la décroissance des revenus certaine de cette année causera beaucoup de remous dans les contrats de la LNH. Peut-être même que certains clubs devront, à un certain moment, payer leurs joueurs inactifs en différé. L'après-saison 2020 est assurément l'un des pires moments de l'histoire de la LNH pour se trouver un nouveau contrat. Byfuglien en avait un garanti encore deux ans et demi.

La vraie question maintenant: Does he care that much?

Il mettra en furie tout ceux qui jouent dans des ligues de garage et qui jouerait dans la LNH pour une fraction de ce qu'il gagnait. Peu de gens comprennent ses décisions. Mais c'est aussi ce que le joueur nous montrait sur la glace par moments. On ne devrait pas être si surpris. Byfuglien a accumulé près de 60 millions depuis le début de sa carrière. Il a sa Coupe Stanley. Pensez vous qu'il se sent si pauvre? 14 millions ne l'ont pas intéressé, ses décisions sont donc plus grandes que le spectre financier.

Buff n'est que Buff.

Et peut-être qu'être un Homme libre est plus important pour lui, maintenant qu'il en a les moyens, qu'un homme obligé à un club et à la pression de la LNH.

mercredi 15 avril 2020

Patrick James Stapleton (1940-2020)

"Whitey" est né à Sarnia, en Ontario, et y joue son hockey Junior B avec les Legionnaires où il est membre de 2 équipes championnes. Le défenseur évoluera ensuite avec les Teepees de St.Catharines de l'Association de Hockey de l'Ontario. À sa première saison il obtient 36 pts en 49 matchs. Il brille à la ligne bleue et offensivement aussi. Avec ses 47 pts en 47 matchs, il termine premier compteur de son club et gagne aussi la Coupe Memorial avec eux. Il sera prêté aux Bisons de Buffalo dans la AHL le temps d'un match.

Dès sa première saison avec les Thunderbirds de Sault Ste-Marie, il obtient 48 pts en 59 matchs à sa saison recrue dans la Eastern Professionnal Hockey League. Les Black Hawks de Chicago lui offrent donc un premier contrat. Mais en 1961, il y a repêchage spécial et ses droits ne sont plus protégés. Boston saute alors sur le talent. Stapleton y fera ses débuts en 1961. Il jouera 69 matchs comme Bruins, récoltant 7 pts, et commençant la saison suivante dans les mineures où il fait 36 pts en 46 matchs. Boston le ramène dans la LNH pour les 21 derniers matchs, où il fait 3 pts. Il jouera ses deux saison suivantes dans les mineures, puis commence sa dernière saison dans les mineures en 1965. Il gagne le trophée du meilleur défenseur avec 29 buts et 57 mentions d'aides pour 86 pts en 70 matchs.

Échangé par Boston aux Maple Leafs, les Leafs, au flair toujours douteux, ne le protègerons pas. Chicago, qui l'avait toujours voulu, le signe aussitôt. Il jouera les 8 saisons suivantes à Chicago portant le #7 mais toute sa carrière de Black Hawks il aura le #12. Il obtient 34 pts en 55 matchs à sa première demi saison avec les Hawks et 34 encore, en 70 matchs, à sa seconde. Dès 1966, alors que Chicago lui laisse enfin du bon temps de glace, il est choisi dans la seconde équipe d'étoile de la LNH. En 1968, ce sont 38 pts qu'il fera et son club, avec les talents de Stan Mikita, Bobby Hull, Pierre Pilote et Ken Wharram, est éliminé en demi finale par un but d'Henri Richard en surtemps.

La saison suivante, il établit un record de Ligue pour un défenseur avec 50 mentions d'aide. Bobby Orr bat ce record la saison suivante, mais Stapleton établit la marque une première fois en 1969. En 1970, il se blesse et ne joue que 49 matchs. Mais obtient tout de même 42 pts. En 1971, il commence une séquence de rêve. Il obtient 51 pts en 76 matchs et 17 en 18 matchs et les Black Hawks sont finalistes de la Coupe Stanley. Il sera de la seconde équipe d'étoile à nouveau. En 1972 il obtient 41 pts mais est aussi de 7 des 8 matchs de la Série du Siècle entre le Canada et la Russie. Il portera le #3 à la ligne bleue.
L'année suivante sera sa dernière dans la LNH, il obtient 31 pts en 75 matchs et sera nommé à nouveau sur la seconde équipe d'étoiles de la LNH. Chicago perd à nouveau en finale contre Montréal et Stapleton est tout à fait brillant avec 17 pts en 16 matchs.   

En 1973, Pat a 33 ans, il a une offre de la WHA avec les Cougars de Chicago où il y jouera deux saisons, étant du même coup joueur-entraîneur, et élu meilleur défenseur en 1974 et sur la première équipe d'étoile. Il prend aussi part au second sommet contre la Russie, en 1974 en étant même capitaine du Canada. Les Cougars atteignent la finale de la Coupe Avco de la WHA, mais la perdent aux mains des Aeros de Houston de Gordie Howe.

Il s'achète deux arénas à Chicago et Dave Dryden et Ralph Backstrom achètent le club des Cougars qui est en difficultés financières. Mais en 1975, le club est sabordé sous les contraintes financières et Stapleton est réclamé par les Racers d'Indianapolis où il jouera deux saisons, de 45 et 53 pts, étant nommé sur la seconde équipe d'étoiles en 1976. Les Racers ne le protègent plus en 1977 et il terminera sa carrière de joueur avec les Stingers de Cincinnati, où il joue 65 match et obtient 49 pts.

Il sera entraîneur des Racers de l'Indianapolis en 1978, le temps de 25 matchs avant que le club soit aussi acculé à la faillite avant la fin de la saison.

Stapleton se lancera ensuite en affaires et aura un fils, Mike, qui évoluera, lui,  pendant 14 ans dans la LNH au sein des Black Hawks, des Penguins, des Oilers, des Jets, des Coyotes, des Thrashers, des Islanders et des Canucks, entre 1986 et 2001.

Pat Stapleton était le dernier joueur à avoir la rondelle sur son bâton lors du dernier match contre la Russie en 1972, le match historique où Paul Henderson avait été un fameux héros, au son de la sirène à la fin. Stapleton a eu le réflexe de la prendre dans ses mains et de la garder précieusement pendant 50 ans. Sans le dire à personne. Il l'a alors donnée à Paul Henderson.

Stapleton aura marqué 337 pts dans la LNH en 635 matchs et 239 en 372 dans la WHA. Marquant 49 pts en 65 matchs des séries de la LNH et 23 en 28 dans les séries de la WHA.

C'est un grand défenseur qui s'est éteint à 79 ans, il y a une semaine, jour pour jour. 

Pour Pat Stapleton, c'était la fin d'une belle vie. À son âge ça n'étonne personne.

Mais pour Colby Cave c'était le début.
À 25 ans, c'était un choc.

Que tous reposent en paix.

mercredi 8 avril 2020

Avoir Guy ou Marcel

J'essaie toujours, autant que possible, de parler de la LNH au sens large, sans partisanerie. Mais comme vous êtes des milliers en confinement, et qu'on nous encourage à consommer local, je vais vous parler de notre club Montréalais.

Il y aura repêchage cette année. On ne sait trop comment encore, mais ça devra se faire.

Si la saison se terminait maintenant, et qu'il n'y avait pas de pige, Montréal repêcherait 8ème. Le 8ème espoir actuellement en lice est un joueur Suédois, Alexander Holtz. Mais bon, on dira ce qu'on voudra sur ce qui s'en vient, Covid-19 ou pas, ça ne se passera jamais comme on l'anticipait.

Pour les premiers choix des Canadiens, ça ne s'est pas toujours bien passé non plus. Parfois oui. Parfois non.

Concentrons-nous sur 1971. Où Montréal allait réussir à endormir quelques têtes de hockey pour mettre la main sur un talent brut de Thurso, faisant lever les foules à Québec, avec les Remparts de Québec.

Sam Pollock était un petit génie de la passe-passe dans la LNH. Pollock sera directeur gérant des Canadiens pendant 14 ans, gravant son nom 9 fois sur la Coupe. En 1970-1971, deux légendes à venir devenaient disponibles afin d'être repêchés dans la LNH: Guy Lafleur et Marcel Dionne. Dionne marque 143 pts avec les Black Hawks de St-Catharines dans la Ontario Hockey Association. C'était précédé de saisons de 132 et de 100 pts. Lafleur, pour sa part, en deux saisons, totalise des saisons de 170 pts en 56 matchs et 209 en 62 matchs, avec les Remparts de Québec dans la la Ligue Junior Majeur du Québec. Pollock a les yeux sur Lafleur depuis longtemps.
Mais Montréal est dans la pire des positions pour repêcher premier. Ils sont non seulement une puissance de la LNH, mais ils viennent de gagner la Coupe Stanley. Leur 5ème des 7 dernières années.
Mais bien que Montréal soit formidablement bon, son as capitaine, Jean Béliveau a 39 ans, et mettar un terme à sa carrière avec la Coupe de 1971. Il faut quelqu'un pour remplacer son talent et Lafleur, avec sa vitesse, son lancer, et sa frange blonde, est tout désigné pour enfiler ce rôle. Avant même le repêchage, Pollock tente donc de s'assurer du premier choix de la Ligue.

Les Golden Seals de la Californie sont tout simplement abominables. Il semble certain qu'ils termineront dernier. Pollock convainc donc leur gérant, Charlie Finley d'échanger leur premier choix et François Lacombe, contre le premier choix de Montréal et Ernie Hicke. Tout le monde s'entend alors, avec ce seul échange, pour dire que Pollock vient de profiter de l'inexpérience d'un directeur-gérant inexpérimenté en Californie. Rien de plus vrai.

Toutefois, les Kings de Los Angeles commençaient à devenir nettement plus poches que la Californie. Menaçant le plan de Pollock de "gagner" le premier choix au repêchage prochain. On s'échange la dernière position régulièrement entre L.A. et Cal. Dans le but de "renforcer" les Kings, Pollock, malin, choisit alors de conclure une transaction, volontairement à l'avantage des Kings, envoyant Ralph Backstrom en retour de Gord Labossière et Ray Fortin, tous deux biens connus dans leurs familles, jamais dans la LNH.

L.A. recommencera à gagner, et Pittsburgh, Buffalo, Vancouver et Detroit seront même pires qu'eux au final.

Le plan de Pollock fonctionne à merveille, même si, à la dernière minute, il a soudainement très envie du centre de Drummondville au lieu de l'ailier droit de Thurso.

Il choisira tout de même le Démon Blond, qui ne le décevra pas. Detroit choisissant deuxième, choisit bien entendu l'autre perle de ce repêchage, Marcel Dionne, qui y passera ses 4 premières saisons, dont sa dernière à Detroit de 121 fameux points, 2 pts devant Lafleur, 6 derrière Phil Esposito et 14 derrière Bobby Orr.  Frustré d'être toujours meilleur et de ne jamais faire les séries, il s'arrange, avec son agent Alan Eagleson, pour se faire échanger aux Kings en retour de Terry Harper, Dan Maloney, de l'argent et des choix au repêchage. Il sera encore plus formidable avec les Kings, pendant 11 ans et 67 matchs.

Au final, Dionne aura presque 400 pts de plus que Lafleur dans sa carrière. On ne saura jamais tout le dommage qu'aurai pu faire Dionne au centre, à Montréal, entouré de meilleurs joueurs qu'à Los Angeles. On peut légitimement dire que Dionne a fait de joueurs moyens comme Charlie Simmer et Dave Taylor, des marqueurs de 50 buts. Mais on peut aussi prétendre que Lafleur a fait d'un Steve Shutt, un marqueur de 60 buts et de Jacques Lemaire, un joueur toujours en mesure de le nourrir au bon moment, et vice-versa.

Lafleur et Dionne étaient tous deux magiciens.

Lafleur terminera sa carrière en 1991 avec 560 buts, 793 passes et 1353 pts, entre Montréal, les Rangers et Québec.
Dionne terminera sa carrière en 1989 avec 731 buts, 1040 passes et 1771 pts, entre Detroit, L.A. et les Rangers.

C'est dur d'anticiper la fin de la présente saison. La Floride, avec un match en main sur Toronto, était hors des séries, mais à 3 pts des Leafs. Le club, ironiquement, avait encore des chances de survie pour les séries, chances de survie qui ne semblent presque plus exister pour la concession même.

La Floride, les Islanders, la Caroline, Arizona, Ottawa et New Jersey sont en position de possibles faillites. On ne le crie pas mais leurs chiffres étaient abominables d'emblée, avant suspension des activités.

Impossible qu'ils soient maintenant plus riches.

C'est aussi dur d'imaginer le prochain repêchage si la LNH ne reprend pas ses activités pour les 11 à 15 matchs restants aux différents clubs du circuit.

Bien des choses pouvaient alors se passer.

Comme des tours de passe passe négociés à même le plancher des vaches le jour du repêchage.

Un jour qui serait virtuel, et sans murmures de plancher.

mercredi 1 avril 2020

Repêchage de la LNH 2020

Avec la saison 2019-2020 en pause, et potentiellement complètement terminée, il y a plusieurs questions qui restent en suspension.

Qui se qualifie pour les séries si la saison reprend trop tard?
On fait un tournoi pour qualifier qui?
Qui mériterait, selon une moyenne pré-établie, de déjà être qualifié?
Et un tournoi n'impliquant que des clubs qui n'étaient pas tout à fait certains de faire les séries, ne gardent pas les meilleurs clubs "au froid" trop longtemps encore? les désavantageant au final?
Un tournoi n'impliquant qu'un seul match-suicide, comme au Football de la NFL ou une série?

Une autre des questions est celle du repêchage. On a déjà choisi de le faire virtuellement. C'est moins spectaculaire, mais c'est au moins déjà ça. Mais qui repêchera en premier si on ne connaît pas avec assurance qui finira dernier?

Une des solutions avancées a été d'organiser un tournoi entre les clubs éliminés des séries, afin de savoir qui devrait repêcher premier.

Ce serait facilement excitant, donnerait du panache à des clubs qu'on pensait vite oublier et replacerait vite l'intérêt général du Hockey dans la mire des fans, si on tient, en parallèle, les séries éliminatoires des bons clubs aussi.

Mais des questions naissent.

1. Comment commencerait tout ça?
Le classement final restant inconnu, fait-on une moyenne des pts pour un total final anticipé? Une fois ce classement connu, est-ce que le meilleur club devrait affronter Detroit le pire dés le départ? Qu'es-ce qui serait le plus juste?
"He!ho! oui, mais non"

2. Comment s'assurer que le pire club, celui qui a le plus besoin d'Alexis Lafrennière du premier choix, est vraiment servi?
Steve Yzerman, directeur gérant des Red Wings, ne voudrait pas d'un tournoi qui ferait gagner des clubs qui n'ont pas la saison de misère du sien. Attitude légitime de sa part. Bien sur, il y aurait Montréal, et Detroit adore humilier Montréal contre lesquels ils ont ammasé 8 pts en autant de possibilités cette saison, 8 de leur 39 pts. Ils pourraient continuer à les ridiculiser. Mais Détroit, qui n'a gagné que 17 fois en 71 matchs, devrait maintenant gagner des tonnes de fois dans un tournoi. Invraisemblable.

3. Comment égaliser les choses si Detroit, Montréal, Anaheim, Ottowaont joué 71 matchs, Chicago, LA, San Jose, Arizona en ont joué 70, la Floride, Nashville, Vancouver, Minnesota, Buffalo et New Jersey en ont joué 69?

4. Que se passe-t-il si le club terminant, disons 26ème sur 31 cette saison, ne possède déjà plus ce choix?

Oui, les Sharks ne feront pas les séries, leur premier choix de 2020 appartient aux Sénateurs dans le deal d'Erik Karlsson. San Jose n'aurait même pas de boule dans le boulier si le repêchage avait lieu comme avant. Que San Jose participe au tournoi ne ferait pas de sens. Mais Ottawa? que faire d'Ottawa si ils occupent les rangs de sélections officiellement sur papier 29ème et 30ème? Qui affronterait les Sens?
"je veux ma chance sur 4"
Selon la traditionnelle manière de repêcher, Ottawa a de splendides chances de repêcher Alexis Lafrennière premier grâce à ce choix de San Jose. Leur seul rang actuel leur donnait 13,5% et celui de San Jose leur donne un autre 11,5 %. Ottawa a donc 25% de chances de repêcher Alexis Lafrennière premier. 1 chances sur 4! Si le club a deux rangs. Et qu'on fait un tournoi où Ottawa occupe ses deux rangs, donc joue contre deux adversaires différents, assumant que ce ne serait pas une série, mais un seul match-suicide, Ottawa devrait perdre deux fois pour être éliminé? Leur fantastique 25% de chances de repêcher Alexis Lafrennière premier ne se reflète maintenant plus tellement dans le tournoi.

5. Quand ceci aurait-il lieu?

Le faire l'été, alors qu'il n'y a que le baseball en "action" ou presque, serait payant pour la LNH. La priorité de la LNH est de donner une Coupe Stanley cette année. Et le faire cet été est l'objectif.
Moyennant que le tournoi ait lieu, il serait logique d'accorder aux pires club l'avantage de la glace. Mais si ce n'est pas une série de victoires qu'on commande, comment gère-t-on le calendrier? Est-ce que les arénas de Detroit, Ottawa, San Jose, Montréal ou La sont mêmes disponibles? Tonne de coordination et gestion lourde.

6. Les choix 5 à 15, comment les décident-on?

Sous la proposition, on comprend que le perdant de la finale du tournoi hériterait du second choix. Que les deux autres demi finaliste joueraient les 3ème et 4ème rang comme on joue la médaille de bronze aux Olympiques. Mais de 5 à 15 ? Si la Ligue choisit un classement final selon un pourcentage de points anticipé, les premiers matchs du tournoi perdent de leur valeur si le résultat final n'importe que pour les 4 derniers clubs.
L'approche logique voudrait que le club "éliminé" du tournoi rejoue contre les autres "éliminés" jusqu'à ce qu'un ordre du plus fort se dessine.

Mais on doit récompenser le plus fort ou le plus faible dans un repêchage?

Saison sans précédent.
Fin de saison, peut-être, sans réel grand gagnant.