Dans sa Ssakatchewan natale, tout le monde est loin entre deux fermes. Quand il y a froid intense et grand vent, les glaces sont fermes l'hiver. Et il était impossible de la garder, elle et son frère, hors de la glace extérieure. Même dans les plus grosses tempêtes où il y avait moins de monde sur les patinoires. Elle y passait toutes ses soirées d'hiver. Sa mère avait joué au hockey pour l'Université de la Saskatchewan. Papa aussi a grandi dans les arénas. Son père, son frère et elle, si ils n'étaient pas sur la glace ensemble, se ruaient devant la télé pour écouter le hockey le plus souvent possible.
![]() |
La 2e, la plus jeune |
Mais le matin du vendredi précédent le long week-end du congé de l'action de grâce, alors que les trois autres enfants Campbell s'adaptaient à leurs nouvelles écoles depuis à peine un mois, on apprenait la mort de Josh et tombait dans une zone de brouillard indéfinie. Josh était son idole. Son inséparable une fois à la maison. Son entraineur sur la glace et hors glace. Elle et lui était liés non seulement par le sang, mais par la passion du hockey.
Dans l'équipe novice pour laquelle elle jouait alors, au match suivant, elle fait gagner son équipe 10-2, en marquant tout simplement, les 10 buts...C'est sa manière de rendre hommage à son grand frère. Il insistera pour toujours porter le #8 qu'il portait. Quand elle jouera pour (alors) les plus grands honneurs, au sein de l'équipe canadienne olympique, elle a un tel coup de patin parfait que l'entraineure lui demande de faire les exemples qu'elles enseignent aux autres, car elle a la meilleur agilité pour le faire. Comme rien n'arrive pour rien, elle est choisie pour l'Équipe Canadienne Olympique le 11 octobre 2014, 12e anniversaire de la mort de Josh.
Elle jouera 4 ans pour l'Université de Cornell dans une équipe de Femmes. Y connaitra une saison de 40 pts en 33 matchs.
Elle a ensuite joué trois ans pour l'Inferno de Calgary avant de se retirer et de se demander ensuite, "Et maintenant, quoi ?"
Pour tous ceux et celles qui la connaissaient, il était tout à fait normal qu'elle soit encore impliquée dans le hockey et qu'elle soit du personnel d'entraineurs. Elle devient donc entraineuse d'une équipe de fille de l'école secondaire d'Okanagan Valley en Colombie Britannique. Et bien qu'elle y avait du succès, elle ne se sentait pas complètement comblée. Elle sentait que son plein potentiel n'était pas exploité à son meilleur.
Il n'y avait pas de chemin déjà défriché pour Jessica. Manon Rhéaume s'y était rendue comme joueuse, mais derrière un banc, jamais personne ne s'était rendu dans la grande Ligue. Ayant joué avec les garçons, enfants et adolescentes, elle les comprenait. Les connaissait. Savait composer avec la dynamique. Elle a d'abord quitté pour la Suède où elle y mis sur pieds et dirigé une école de patin. La pandémie est venue bousculer bien des choses. Et bien vite, les bulles sociales imposées la forçait à revenir au Canada, mais elle continuait à y animer des cours de patins. Elle y dirigera des sessions de patins où des joueurs de la LNH et de la AHL et du junior s'y pointent. Parmi eux, Luke Schenn, qui gagnera la Coupe Stanley avec Tampa Bay ,un peu plus loin, en 2020. Quand Brent Seabrook des Black Hawks commençait à se remettre sur patins après une importante chirurgie à l'épaule, le nom de Campbell avait tant circulé avantageusement que c'est elle qu'il engage. Tout ce qu'elle entreprend, elle le fait bien. Et on le reconnait. Elle ne se gêne pas pour montrer qu'elle apprend, elle aussi, et en fait apprendre à ces gars qui n'arrivent pas à baisser leur centre de gravité aussi bas et à pousser du patin aussi loin. Sa passion est communicative. Sa féminité favorise la communication et non la fougue colérique. Elle les fait sentir qu'elle est dans les tranchées avec eux. Sa réputation grandit.En 2021, elle devient assistante entraineur en Allemagne, auprès de Tom Rowe, ancien entraineur et directeur gérant des Panthers de la Floride. C'est un club de hockey composée de joueuses. Rowe et Campbell seront sélectionnés pour être derrière le banc de l'équipe nationale allemande, aux Olympiques de 2022. L'équipe d'hommes.
C'est là que Dan Bylsma remarque Jessica. L'entraineur de l'année en 2011, et gagnant de la Coupe Stanley à sa toute première saison comme entraineur, avec les Penguins, en 2009, était alors assistant entraineur lui aussi, mais de l'équipe masculine des États-Unis. Il se préparait à devenir le premier entraineur du premier club-école de la nouvelles équipe de la LNH, le Kraken de Seattle: les Firebirds de Coachella Valley, là où tout était une première.Bylsma, n'écoutant que son flair, mais aussi conseillé par ses pairs, lui propose d'être son assistante pour le club-école. Elle sera en charge de l'avantage numérique. Qui sera le 3e meilleur de l'AHL, cette saison là. Une saison où les Firebirds atteignent la finale, mais la perde en 7 matchs face aux Bears d'Hershey. Ces dernier gagnants 3 de leurs 4 matchs, en supplémentaire. Dont le 7e.
La saison dernière, les deux même rivaux se retrouvent en finale et à nouveau, Hershey à le meilleur sur Coachella Valley, gagnant cette fois en 6 matchs, et encore sur un but en supplémentaire.
Quand on offre à Dan Bylsma le poste d'entraineur du Kraken pour la saison en cours, il n'a pas hésité à vouloir rapatrié sa complice des deux dernières années.
Jessica Campbell marque l'histoire de la machiste Ligue Nationale de Hockey en devenant la toute première Femme derrière un banc d'un club de la LNH, en tant qu'entraineure. Responsable encore, du jeu de puissance.Elle est comme une bouffée d'air frais dans cette ligue si souvent ridicule. Comme elle l'a confirmée encore cette semaine en punissant un joueur attaqué par derrière par un troisième homme, dans une bataille où les 2 autres s'apprêtaient à s'empoigner. Et encore hier où une mise en échec légale suivie d'une empoignade batailleuse ne donne pas un avantage numérique à quiconque.
Aucune calisse de logique.
Jess s'est amusée hier à ridiculiser les Canadiens à domicile avec son club qui offensivement, les as humiliés.
Bouffée d'air frais, qui derrière le banc, à 5'5, quand son club marque disparait, qui se faisait justement appelée Boof par son grand frère.
Qui en serait tellement, tellement fier.
You go girl!
Tu es le chemin pour toutes les autres.