mercredi 18 janvier 2017

Patrik Stefan

Il y a de ces images qui vous définissent pour toujours au hockey.

Bobby Orr marquant le but gagnant en supplémentaire donnant la Coupe aux Bruins en 1970. Cette image reste l'une des plus marquante du hockey de la LNH. Mais si on déboulonne le moment, on remarque que c'était une 4ème victoire en autant de matchs pour Boston, et le seul match serré puisque les trois autres avaient été des victoires faciles de 4-1, 6-2 et 6-1.

Mais c'était aussi la première Coupe Stanley des Bruins depuis 29 ans, seulement la 4ème de l'histoire de la concession, et la première depuis 1939, gagnée à domicile.

Et le saut (pas tellement le but) était spectaculaire. On a tant aimé ce moment de Bobby Orr qu'on l'a aussi immortalisé en bronze.

Dave Williams a aussi été identifié à une célébration de but qu'il n'aura fait qu'une seule fois (avant qu'on lui suggère) dans sa carrière. Combien de jeunes de mon âge l'ont fait en disant que c'était comme ça que Dave Williams célébrait ses buts? Pratiquement tout le monde. Les images avaient été si fortes et répétées qu'on a inventé le reste.

Il ne faut jamais sous-estimer la force des images dans le sport. Je reste encore convaincu que l'arrêt de José Théodore sur Bill Guerin en 2007 a fait voyager des images qui lui ont rapporté plus d'estime qu'il n'en méritait pour la somme de son travail.

Et on pourrait durer longtemps comme ça avec des images marquantes et mémorables au hockey.
Ce sera pour une autre chronique.

Les images alimentent la mémoire collective.
Mais il y a aussi les souvenirs malheureux

Ce dont je veux vous parler, c'est de la mort professionnelle de Patrik Stefan. Déception majeure de la LNH, si il en est une, se classant facilement parmi les 10 pires premiers choix de Ligue à avoir évolué dans le circuit.

Stefan a associé son nom à l'un de moments les plus misérables de la LNH. Un match qui était pourtant sans enjeux réel. Et que son club avait même gagné. Mais qui sera tant associé à Patrik Stefan, alourdi par des propos vicieux de commentateurs sutpéfaits, que sa carrière dans la LNH en arrivera à un terme après sa bévue.

Avant de parler de la bourde de Stefan, il faut mettre en contexte.

Le Tchèque Patrik Stefan fût le tout premier choix au repêchage de la Ligue en 1999, un choix des Thrashers d'Atlanta. Le choix était assez audacieux, un finlandais ayant obtenu 35 pts en 33 matchs dans la IHL et n'ayant jamais fait plus de 3 pts en séries éliminatoires depuis ses 15 ans, en 17 matchs. Les jumeaux Sedin avaient bien dit qu'ils ne joueraient pas en Amérique sans être dans le même club et Pat Quinn avait géré la chose de main de maître pour les Canucks.Vancouver ayant les 2ème et 3ème choix, il était inutile pour Atlanta de repêcher un Sedin. À la défense des recruteurs des Thrashers, cette première ronde, fameusement ordinaire, allait voir suivre des noms faibles (dans l'ordre) comme Brendl, Connolly, Finley, Beech, Pyatt, Lundmark, Mezei, Saprykin, Shvidki, Rita, Jillson, Kelman, Tanabe, Koltsov, Safronov, Heisten, Boynton, Ouellet, McCarthy, Cereda, Kuleshov, Ahonen et Kudroc.

Seuls Martin Havlat et Barret Jackman allaient avoir des carrières plus honorables que les peu mémorables autres.

En 72 matchs, à sa saison recrue, il totaliserait seulement 5 buts et 25 pts et cumulerait un abominable -20, saison qui sera suivie par une autre saison misérable de 10 buts et 31 pts en 66 matchs. Stefan serait si peu remarquable qu'il commencerait la saison 2001-2002 dans les mineures, y faisant 3 buts à ses 5 premiers matchs avant de jouer 59 matchs dans la LNH et d'y faire 23 pts. Il en fera 34 en 71 matchs en 2002-2003, avant d'atteindre son sommet personnel avec 40 pts à sa seule saison complète en 2003-2004. le lock-out de la saison suivante le fera jouer en Finlande et il brillera avec 41 pts en 37 matchs et 7 autres en autant de matchs en séries. Tous les espoirs renaissaient pour Atlanta. Mais non. le rythme et le style de la LNH ne lui convenait pas et dès 2005-2006, il ne faisait que 24 pts en 64 matchs et Atlanta abandonnait sur son cas.

En juin, on l'envoyait aux Stars, avec Jaroslav Modry en retour de Niko Kapanen et d'un choix de 7ème ronde la même année. Il avait alors 25 ans. Tout espoir était encore permis. En 41 matchs avec les Stars, on lui donnera des tâches principalement défensives sur un troisième trio, à 12 minutes de jeu par match. Il ne fera que 11 pts en 41 matchs.

Une seule bourde jeu nous rappellera son nom pour toujours.

Edmonton avait joué contre Dallas fin 2006. Sur un jeu hautement controversé. le capitaine Shawn Horcoff* avait gagné une mise au jeu en fin de match, la rondelle s'étant rendue franchement au défenseur des Oilers qui avait lancé en fin de match pour créer l'égalité et forcé la supplémentaire. Mais l'arbitre, à une époque où on ne pouvait pas réclamer la reprise pour un tel jeu. avait jugé que Horcoff, qui portait sa main très basse sur son bâton, mais qui avait bien fait une passe avec la lame de son bâton et non avec sa main, avait jugé que ça avait été une passe avec la main. Le but égalisateur avait donc été refusé. Dallas avait gagné ce match.

Mais la reprise donnait raison aux Oilers. Le but aurait dû être accordé.

Il y avait donc un esprit de vengeance dans l'air pour les Huileux lors du match suivant, en janvier 2007, entre les deux clubs à Edmonton.
Et ça avait été un match très serré.
Offensif, mené 5-4 par Dallas, mais serré.

Avec 20 secondes à faire au match, le gardien des Oilers est au banc en faveur d'un sixième attaquant. Marc-André Bergeron récupère la rondelle dans le coin de sa zone, il est pourchassé par Patrik Stefan. Bergeron, dans l'excitation, exécute affreusement mal son geste et passe dans le beurre quand vient le temps de passer la rondelle vers l'avant. Stefan récupère la rondelle vacillante et s'échappe parfaitement seul face à un filet vide. 14.9 secondes à faire, le but est simple à faire. Il ne suffit que d'y glisser la rondelle dans le filet

Mais Stefan dribble une fois de trop et la rondelle fait un mauvais bond. Non seulement perd-il le contrôle de la rondelle, mais il ne lancera jamais et ira même s'écraser lamentablement dans le coin. La foule des Oilers, qui avait commencé à huer Bergeron pour son erreur, ou Stefan pour le but assuré, se remet à crier d'excitation, mais surtout à rire. Jarred Stoll, qui est le sixième attaquant veille au grain, et reprend la rondelle de Stefan, crapou dans le coin. Parfaitement éveillé, Stoll fait une très longue passe à quiconque loin en zone adverse. Ryan Smith sera celui qui récupère la rondelle de la bande en évitant habilement le hors-jeu et enverra la rondelle vers le centre où se trouve le jeune Ales Hemsky* tout feu, tout flamme. Les Stars avaient levé le pied. Le but était assuré et mettait le match hors de portée. On ne jouait plus. Mais non, le temps de réaliser que ce qui devait se passer ne s'était pas passé, Hemsky est maintenant en échappée et déjoue facilement Marty Turco qui l'attendait de l'autre côté.

À 2 secondes de la fin. Hemsky créé l'égalité et le match ira en surtemps. Et même en tirs de barrage. Et c'est Dallas qui gagnera en tirs de barrage. Mais personne ne se rappellera de cette victoire. On ne se rappellera que du clou qui fermera le cercueil de Patrik Stefan. De la goutte qui fera déborder le vase des déceptions à son égard. Il ne fera que 2 pts dans les 13 matchs suivants et ne jouera plus jamais un seul match dans la LNH. Il n'a que 26 ans.

Le 4 janvier dernier marquait le 10ème anniversaire de ce 65ème but en carrière qui ne s'est jamais marqué pour Patrik Stefan.

Une ratée auquel son nom sera éternellement associée. Et qui a clôturé tristement la carrière de Patrik Stefan.

*Ironiquement et Horcoff et Hemsky feront tous deux un passage dans l'uniforme des Stars par la suite, Hemsky, s'y trouvant toujours.




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