Avant 1963, chaque club y allait de ses signatures et de ses invitations au plus fort la poche. On approchait le joueur qui nous intéressait et on lui faisait une offre ou une invitation. Montréal est vite devenue une leader de la formation des joueurs avant les premiers passages dans la LNH quand ils se sont mis à acheter des ligues entières comme "clubs écoles". Préparant ainsi les années de dynastie à venir.
Mais voyez vous dès 1963, quand la Ligue choisit de tenir son tout premier repêchage, on a pas tout réfléchit comme du monde. Montréal qui a terminé premier de la Ligue, choisira aussi premier. Ce sera la même chose l'année suivante avec Detroit. Bien entendu l'impact n'est pas énorme car il n'y a alors que 6 clubs, mais on ne se rend pas compte encore que le meilleur jeune disponible se retrouvera à potentiellement aider un club déjà bien nanti en talents.
Gary Monahan se trouve à être le tout premier choix au repêchage de la LNH le 15 juin 1963 à Montréal. Il a 16 ans. On peut repêcher quiconque tant qu'il a 20 ans et moins. On ne se risque pas à les prendre avant 16 ans. Monahan, presqu'enfant, ne fait donc pas le club tout de suite. Il jouera ses 3 premiers matchs 4 ans plus tard, après avoir joué Junior B et Junior A, avec Montréal et ses 3 seuls en tant que Canadiens. Il est échangé aux Red Wings de Détroit en 1969 dans le deal qui amène Pete Mahovlich à Montréal. Il jouera avec Los Angeles, Toronto, mais connaîtra sa meilleure saison avec Vancouver avec 44 pts en 1977.
Claude Gauthier a aussi 16 ans quand Detroit le repêche en 1964 et est le meilleur marqueur midget évoluant pour Rosemont. Il ne jouera jamais dans la LNH. Detroit, avec Gordie Howe, Norm Ullman, Delvecchio, Lindsay et Crozier est très fort et ne lui fait aucune place. L'année suivante André Veilleux, repêché premier par les Rangers qui avaient terminé dernier, ne jouera jamais dans la LNH non plus.
En 1966, Barry Gibbs devient le tout premier défenseur à être repêché au premier rang du repêchage de la LNH. Il le sera par les Bruins de Boston qui l'assigne aux Bruins de Estevan pour un an avant de lui faire jouer ses 16 premiers matchs dans la LNH en 1967-1968, Il jouera 5 ans et 1/2 comme North Star du Minnesota, 4 ans 1/2 comme Flames d'Atlanta, 2 comme Blues de St-Louis et sa dernière comme Kings de Los Angeles.
Les Kings héritent justement du tout premier choix de cette nouvelle ligue à plus de 6 clubs (ils en comptent maintenant 12) et Rick Pagutti, un défenseur, est l'heureux élu. Il sera un excellent défenseur dans la Ligue Américaine (1972: trophée du meilleur D de l'AHL), mais ne jouera pas un seul match dans la LNH.
En 1968, Montréal termine non seulement premier mais remporte une seconde Coupe Stanley consécutive contre St-Louis, et une 4ème en 5 ans. Grâce aux magouilles de Sam Pollock, il réussit à obtenir le premier choix de la Ligue qui sera le gardien de but Michel Plasse. Mais Montréal est champion de la Coupe, il n'y a pas de place tout de suite entre Lorne Worsley et Rogatien Vachon. Plasse devra attendre deux ans dans l'AHL et la CHL, et même gardé un match avec les Blues de St-Louis, avant de garder ses 17 premiers matchs avec Montréal et signer son nom sur la Coupe Stanley. Il jouera 10 ans dans la LNH, avec St-Louis (1 match), Montréal, Pittsburgh, les Rockies du Colorado et les Nordiques de Québec.
C'est en 1969, que le tout premier choix de la LNH, et ce pour toujours ou presque par la suite, fera le grand saut dès l'année suivante. C'est Réjean Houle qui accomplit cet exploit avec 9 petits matchs portant le #21.
Mais l'importance du repêchage prend toute son ampleur pour vrai en 1970. Dans le Junior, Gilbert Perreault, de Victoriaville, évolue pour Thetford Mines avec Marc Tardif et Rick Kehoe. Le club rafle tout. Perreault est un brillant talent au centre. Il sera repêché par les Sabres, obtiendra 38 buts et 34 passes pour 72 points dès sa première saison, le hissant au sommet des marqueurs de Buffalo et gagne aussi le trophée Calder remis à la recrue de l'année. Sur une note personnelle, au même moment, mon père épouse ma mère à Victoriaville, est l'entraîneur des Vulkins au CEGEP dont l'équipe comprend le frère de Gilbert Perreault et j'y nais deux ans plus tard.
On comprend ainsi que les choix au repêchage ne sont pas seulement que l'avenir, mais maintenant à 14 clubs, un jeune bon talent pourrait aider tout de suite.
TOUT LE MONDE bave devant un jeune talent de Thurso évoluant pour les Remparts de Québec et fracassant tous les records de la Ligue de Hockey Junior du Québec (ancêtre de la LHJMQ) avec ses 130 buts en 62 matchs. Je parle bien entendu de Guy Lafleur. Montréal n'est pas du tout en position de repêcher le premier choix de la Ligue. Ils ont même gagné la Coupe Stanley. Tout le monde sait que ce sera Lafleur ou Marcel Dionne qui a fait 143 pts en 46 match dans la Ligue de l'Ontario, qui sera choisi en premier.
Sam Pollock des Canadiens veut Lafleur à tout prix.
Quand, durant la saison précédente, Pollock réalise que les pauvres Golden Seals s'apprêtent à terminer dernier, il profite de l'inexpérience du GM de la Californie pour lui échanger son premier choix au repêchage, Mais quand les Kings de Los Angeles se mettent à perdre encore plus que la Californie, Pollock choisit de renforcer les Kings et de leur envoyer Ralph Backstrom. Les Kings deviennent meilleurs et Pollock s'assure que la Californie termine dernier. La légende peut commencer, Lafleur domine toute sa carrière en tant que Canadiens.
L'impact d'un premier choix est si majeur que de 1972 à 1988, tous le premiers choix; Billy Harris, Denis Potvin, Greg Joly, Mel Bridgman, Rick Green, Dale McCourt, Bobby Smith, Rob Ramage, Doug Wickenheiser, Dale Hawerchuk, Gord Kluzak, Brian Lawton, Mario Lemieux, Wendell Clark, Joe Murphy, Pierre Turgeon et Mike Modano font le saut dans la LNH dès la saison suivant leur sélection au repêchage. Bobby Smith en se méritant le titre de recrue de l'année au Minnesota et Mike Modano, jouant 2 matchs en séries éliminatoires.
En 1989, Mats Sundin devient non seulement le tout premier européen à être choisi au premier rang du repêchage de la LNH, mais le premier aussi à choisir de terminer son passage avec son club professionnel local: le Djugardens IF en Suède. Il n'évoluera que l'année suivante avec les Nordiques, faisant gagner tous les honneurs à son club de Suède. Expérience qu'il ne vivra plus jamais dans la LNH par la suite. En 1990, les Nordiques sont encore une risée et Owen Nolan devient leur premier choix qui fera le saut aussitôt.
En 1991, La LNH vit un cauchemar dont l'époque actuelle en porte encore des séquelles. Pour la première fois un joueur n'ayant jamais foulé les patinoires de la LNH refuse de se présenter pour le club qui l'a repêché. Les Nordiques de Québec en feront les frais, mais la cicatrice restera à jamais. Eric Lindros créé un affreux précédent et ne sera jamais aimé pour la chose. On le fera végéter jusqu'à la date limite des droits acquis sur un joueur afin de souhaiter qu'il change d'idée, Il confirme qu'il n'aime pas le caractère francophone de la ville et fait preuve en quelque sorte de racisme. On l'échangera aux Flyers après qu'il eût terminé son passage junior avec les Generals d'Oshawa et joué pour Équipe Canada.
Roman Hamrlik évolue pour Tampa Bay tout de suite et Alexandre Daigle pour Ottawa aussitôt.
Ed Jovanovski terminera son passage junior avec les Spitfires de Windsor en 1994 puisque la grève de la LNH le force à le faire à l'automne.
Bryan Berard est le premier dommage collatéral de l'effet Lindros. Les Sénateurs d'Ottawa sont mal dirigés depuis leur entrée dans la LNH et sont la risée du circuit. Berard annonce à l'avance que si Ottawa en fait son premier choix, le premier de la ligue, il ne se rapportera pas au club. Ottawa le repêche quand même et essaie de gagner du temps en le laissant jouer sa dernière saison dans les rangs juniors mais Berard ne change pas d'idée. Ottawa échange Martin Straka et Berard aux Islanders en retour de Damian Rhodes et Wade Redden. Berard ajoute l'insulte à l'injure en raflant le trophée Calder en 1996.
Cette même année, Ottawa repêche toujours premier. Chris Phillips est un Homme extraordinaire, Il a tout juste 18 ans et en plus d'être un défenseur solide, il s'occupe de sa mère en chaise roulante et de son père aveugle, lui aussi en chaise roulante parce qu'atteint de diabète avancé. Il choisit, avec une maturité exemplaire, de terminer son passage junior avec les Hurricanes de Lethbridge dans la WHL.
De 1997 à 2003, Joe Thornton, Vincent Lecavalier, Patrick Stefan, Rick DiPietro, Illya Kowalchuk, Rick Nash et Marc-André Fleury débutent tous l'année de leur sélection.
Si Alexander Ovechkin ne le fait pas en 2004, c'est parce que le lock-out annule la saison mais pas le repêchage. Il se venge en raflant le trophée Calder à Sidney Crosby l'année suivante.
Erik Johnson boudera aussi les Blues de St-Louis au premier camp d'entrainement. Il préfèrera évoluer au Collégial, à l'Université du Minnesota, à qui il avait promis une dernière saison à la ligne bleue. Il ne jouera que 3 saisons à St-Louis, avant de passer à l'Avalanche.
Mais de 2007 à nos jours, Kane, Stamkos, Tavares, Hall, Nugent-Hopkins, Yakupov, McKinnon, Ekblad et McDavid ont tous fait le saut illico. Kane, McKinnon et Ekblad raflant le trophée Calder dans le processus.
Est-ce qu'Austen Matthews fera le saut tout de suite avec Toronto? Je suis de ceux qui ne sont pas formidablement épaté par le grand 6 pieds. Mais en même temps, Toronto, n'est pas formidablement épatant non plus. Et ils auront besoin de toute l'aide que la jeunesse pourrait leur apporter.
Il devrait faire le club.
Confirmant qu'un premier choix de Ligue, perce généralement l'alignement, dès la saison suivante.
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