Dur à Aimer, Ovy

 Il a un talent sans équivoque. Vraiment sans équivoque. Il est l'unique menace de Wayne Gretzky pour un de ses records (les buts) si il continue à rester en forme comme il le fait. Il est même l'auteur du plus beau but de l'histoire de la LNH, contre un Phoenix, en 2006, sous les yeux de Wayne Gretzky. Il est encore de nos jours, un talent que tout le monde prendrait dans son club sans compromis. Alexander est spectaculairement bon.

Mais il est dur à pleinement aimer. 

La première faille, je la sentais assez tôt dans sa carrière, où, lors d'un tournoi international à la con, les Russes avaient gagné le dit tournoi. Ovy pleurait dans les bras de Malkin, les gars étaient heureux. Rien de mal là dedans. Ils ne l'avaient pas volé. Mais après le match, quand un journaliste lui a demandé quel était la valeur d'un tel honneur, Ovy avait répondu qu'il était nettement plus important pour lui de gagner au nom de son pays qu'une Coupe Stanley. Il n'en avait alors jamais gagné. J'avais trouvé le sentiment d'engagement pour le club qui le rendait multimillionnaire était mou. Si j'étais fan des Caps ou coéquipier de celui qui se disait plus intéressé par une "Coupe du Monde" que par une Coupe Stanley, ça me serait passé de travers dans la gorge. Mais bon...il était jeune. Et il avait le droit de ne pas croire beaucoup aux chances (alors) des Caps de se rendre jusqu'au bout. 

C'était une toute petite faille personnelle de sa part. Mais quand même un drôle de commentaire à faire. Et comme je ne suis pas un grand fan des tournois internationaux du genre, j'avais probablement déjà un grief contre les trop fiers de ce type de tournoi. Je ne pouvais pas en vouloir à Ovy complètement.

Mais dans les années qui ont suivi, Ovy a été plutôt clair sur son admiration pour l'imbuvable Vladimir Poutine. Là non plus, encore plus à la lumière de ce qui arrive au pauvre Artemi Panarin, je ne peux quand même pas complètement lui en vouloir. C'est peut-être maintenant la chose intelligente et obligée à faire, de prétendre aimer l'olibrius. Si on ne veut pas être victime de représailles. Mais encore là, je ne suis pas partisan des intimidés qui se couche face aux prédateurs. Damned if you do, damned if you don't n'est-ce pas? Si tu avoues un amour pour Poutine, tu es lâche, si tu le condamnes tu te condamne en même temps. Pas plus de conclusions ici. Mais une autre zone d'ombre autour d'Ovy. 

Puis, séries éliminatoires de 2019. La Caroline affronte les Capitals de Washington en première ronde. Troisième match. Les deux premiers ont été gagnés par Washington, à Washington, et nous sommes au premier match en Caroline. C'est 1-0 la Caroline contre les Caps. Un autre splendide, mais vraiment splendide talent se trouve dans le club adverse aux Caps. Il s'appelle Andrei Svenckniov et en bien des points il ressemble beaucoup à Ovechkin. Ovy est de Moscou, Svenchnikov est de Barlau. Dans un tournoi international, ils porteraient tous deux le chandail des Russes. Ils sont deux magnifiques francs-tireurs et capable de saine agressivité. Ça irrite peut-être Ovy de voir un prétendu successeur, je ne sais pas, je ne veux pas lui prêter d'intentions, mais dans le feu de l'action, les deux se bousculent et finissent par lâcher les gants en première période quand c'est 1-0 la Caroline. Svenchnikov est un adolescent. Il a 19 ans. Ovy en a 32. La suite se trouve ici. Je ne peux pas aimer Ovechkin. Il a fait passer son message, et oui, si Svenchnikov voulait s'en prendre à lui, il a vraiment fait comprendre que si tu fais ça, tu meurs. Mais j'aurais au moins aimé voir Ovy, sur le banc des punitions, regretter en partie avoir défoncé un adolescent. Mais encore, je ne peux pas 100% blâmer Ovy, Tu veux te battre? encaisse ce qui vient avec. Mais Ovy ne peut pas rester dans le camp des "bons" pour le reste de la série. Le match est facilement gagné 5-0, sans Svenchnikov, ce jour-là. La série le sera aussi par la Caroline. J'étais content. 

Le week-end dernier, Trent Frederic, qui n'a vraiment pas froid aux yeux, se battant pas moins de deux fois contre Tom Wilson alors qu'il est nettement, à vue d'oeil, beaucoup plus poids léger, a la mission de déranger Ovy. Ce qu'il fait si merveilleusement bien que celui-ci en a assez et lui flanque le plus vicieux des coups entre les deux jambes. Il sera puni, soulagé de 5000$ par la LNH. C'est l'argent qu'il garde dans son portefeuille pour la gardienne de ses enfants. Ce traitement pour les stars ternit tant la Ligue, c'en est assez triste. Quand Joel Armia s'est fait arracher la tête par Tyler Myers, qui avait fait 2 buts ce soir-là et avait très mal fait paraître Myers, contrairement au soir du match où Myers a écopé de 15 minutes de punitions pour son geste, il ne ratera pas un seul match. Armia n'est pas une star. Mais quand Joachim Blichfeld fait pas mal moins contre Nathan MacKinnon, une superstar qui vend des gilets de la LNH, il écope de 2 matchs. Ces traitements de faveur sont une véritable plaie. TOUS les joueurs de la LNH devraient être traités comme des superstars. Trent Frederic a beau être une peste, le geste d'Ovy contre lui est extrêmement lâche. Et si il ne soulage que de 5000$, invite tous les joueurs de Bruins à lui faire la même chose la prochaine fois, ne serais-ce que pour équilibrer les choses. Puisque justice ne se rend pas pour avoir tenté de castrer le #11 des Bruins. T'as beau être fameux joueur de hockey, Ovy, ça, c'est affreusement laid.

Finalement, encore dans un match Bruins-Caps, et aussi dans les derniers jours, Tom Wilson, un multi récidiviste des agressions multiples contre autrui, vise la tête du défenseur Brandon Carlo. Il est si gravement blessé que ce sera civière et hôpital pour Carlo. Wilson a écopé de très justement 7 matchs de suspension. J'avais prédit 8 si la Ligue avait des couilles, il a eu 7. Fair enough. 

Ovy a dit de la décision que c'est comme une farce de son point de vue. 

T'as le droit de te placer du côté des bons de l'histoire quelques fois ducon. 

Ton talent me donne envie de t'aimer, Ovy. 

Mais tu m'en empêche souvent. 

Au point de ne pas être complètement fâché qu'on te règle ton cas, un jour.