mercredi 10 janvier 2024

Le Vin Amer Québécois de 1991

Le 22 juin 1991, à  Buffalo, se tenait le 29ème repêchage de la LNH. 

Les Nordiques de Québec, pour la troisième et dernière fois, terminait dernier la saison précédente et à l'époque, c'était l'unique besoin afin de repêcher premier lors du repêchage suivant. Québec avait repêché Mats Sundin deux ans avant et fait d'Owen Nolan, le tout premier choix de la LNH aussi, l'été d'avant. Si ces deux choix étaient discutables et incertains jusqu'au jour ultime, celui de 1991 ne faisait aucun doute. 

Tout le monde voulait le colosse joueur de centre Eric Lindros. Il avait fait 149 pts en 57 matchs, dont 71 buts. Il cognait fort et avait un format de footballeur rare. Il en imposait. Québec, sans surprises, le sélectionnait au premier rang. Lindros. Même si Eric, qui avait rencontré le direction à quelques reprises, avait juré qu'il ne jouerait pour les Nordiques, ne citant jamais complètement pourquoi. Issu d'une famille ontarienne raciste, l'idée d'évoluer dans un marché francophone n'a jamais été encouragé par ses parents, sa mère principalement qui ne trouvait pas sain pour son plus vieux de grandir au Québec. C'était du racisme pur et simple. Ceux qui diront le contraire ne connaissent pas le dossier.  Il refusera de porter le gilet sur scène. Jamais porté, en fait. 

Une des plus grandes impostures des dernières années est la sortie de Lindros qui a dit que si il ne voulait pas jouer pour les Nordiques, c'était parce qu'il savait que Marcel Aubut était le pervers qu'on a découvert avec le temps. C'est faux. Ce qui est probablement vrai, c'est qu'Aubut n'inspirait aucune confiance, son anglais est risible, sa personnalité, pire, sa diction difficile ce qui donne parfois l'impression qu'il est débile léger. Ça a terriblement bien servi Lindros de dire n'importe quoi quand Aubut a été trouvé coupable d'inconduite sexuelle. Ça pouvait excuser son attitude raciste de 1991. Celle inspirée par sa famille car il n'était quand même qu'ado, avouons-le aussi.  Il mariera quand même une Québécoise, assagi.  

Les Nordiques le feront leur quand même. Prenant le pari qu'il changerait d'idée. Ils voyaient bien qu'à lui seul, Lindros pouvait changer entièrement ce jeune club. La pression de tenir une équipe perdante depuis trois ans sur ses épaules l'a aussi inconsciemment lâchement guidé. Il ne voulait rien savoir de Québec. Comme plusieurs arbitres de la LNH d'ailleurs, qui ne comprenaient pas les insultes du public ou qui avaient les Nordiques dans le cul depuis Michel Bergeron qui leur criait toujours après. Bergeron a été le meilleur pour Québec, mais le pire aussi. N'a jamais aidé son club avec ses singeries derrière le banc. 

Bref, Lindros bouderait les Nordiques et refuserait de patiner avec eux. Un capricieux bébé gâté joueur refusant de se présenter au club qui l'a repêché a deux ans pour s'entendre avec sinon il redevient disponible pour tous les autres clubs. Québec allait faire durer le suspense, toujours dans le but qu'il change d'idée. Quand il est devenu évident qu'il ne jouerait jamais pour Québec, au repêchage de juin 1992,  au Forum de Montréal, après que Lindros eût joué dans la OHL et dans le hockey international pour le Canada, les Nordiques concluait un échange.  Comme ils étaient nuls, ils en concluaient deux. Un avec les Rangers et un autre avec les Flyers. Les Nordiques disaient que c'était celui de NY qui prévalait. On envoyait Lindros à Manhattan et les Rangers donnaient en retour Tony Amonte, Alexei Kovalev, John Vanbiesbrouck, Doug Weight, des choix de premières rondes de 1993, 1994 et 1996 et 12 millions de dollars. Si Vanbiesbrouck devenait joueur autonome sans restrictions, une option qu'il pouvait prendre, le défenseur James Patrick allait prendre sa place dans la transaction.

Mais Philadelphie s'est plaint. Ils avaient conclu une entente avant. Ce qu'un arbitre a validé, 10 jours plus tard. Ron Hextall, Steve Duchesne, Kerry Huffman, Mike Ricci, les droits sur Peter Forsberg, Chris Simon, les choix de premières rondes de 1992, 1993, 1994 et 15 millions. Lindros transformerait les Flyers et les Nordiques, devenu l'Avalanche, ajouté de Patrick Roy, Mike Keane et Rob Blake, allaient gagner deux Coupes Stanley dans les 10 années suivantes. Chaque fois avec un Peter Forsberg fort utile. Eric ne gagnerait jamais plus rien depuis les Juniors.

À Québec, il n'y avait que lamentations. Lindros, quand il y jouait contre les Nordiques, y était solidement hué. Violemment. Je me rappelle un match où un homme avait crié Baby-Bonnie(sa mère, le vrai problème)-Bitch chaque fois qu'il était sur la glace. L'hostilité était excessive quand il jouait à Québec. Il passait beaucoup de temps sur le banc des pénalités car on le cherchait tout le match du côté des Nordiques. La foule était très agressive. À un match où j'y étais, Eric était sur le banc des punitions et des gens de la foule lui criait des insultes. Il s'était simplement levé afin de faire face aux gens qui lui criaient des choses que tout le public s'était levé pour en rajouter et enterrer du plus violent de CHOUUUUUUUUUU!  peu importe ce qu'il voulait dire. J'avais franchement eu peur pour lui, c'était très intimidant et on l'avait perdu dans tous ses gens debout autour du banc. 

Reste que la ville de Québec avait tout perdu. Lindros ne se trompait pas si il pensait qu'Aubut était un imbécile. Marcel allait jurer que la hausse des salaires allaient se stabiliser au maire L'allier pour qu'il finance un nouveau Colisée, mais le maire L'allier avait refusé de le croire et de faire payer à sa population les déséquilibres sportifs de la LNH. C'est L'allier qui avait raison. C'est devenu si fou par la suite, l'équipe n'a jamais pu rester dans ce trop petit marché d'affaires. 

Québec en est resté perpétuellement amer. Qu'auraient été les Nordiques avec Lindros, Sundin, Nolan & Sakic ? On ne l'aura jamais su. 

Ce n'est pas 100% la même chose qui s'est produit cette semaine, mais la même organisation, les Flyers, m'ont beaucoup amusé avec leurs lamentations et leur amertume envers Cutter Gauthier qu'ils ont échangé aux Ducks en retour de Jamie Drysdale et d'un choix de deuxième ronde. Un bon échange pour les deux clubs. Le jour même, Daniel Brière, nouveau directeur gérant des Flyers et Keith Jones, président des opérations hockey des Flyers ont beaucoup insisté sur le fait que Gauthier avait dit ne pas vouloir être un Flyers. Les commentateurs et analystes de Philadelphie étaient dégoûtés de Gauthier de la même manière que Québec pouvait l'être de l'attitude de Lindros en 1992. Pour les mêmes raisons. Un refus de jouer. 

Ça restait amusant pour moi de voir Philadelphie boire le même vin amer que Québec avait bu il y a plus de 30 ans. 

Brière en est à sa première saison comme directeur gérant et n'inspire peut-être pas encore l'esprit des gagnants à ses yeux, comme Aubut n'a jamais semblé le faire pour Lindros il y a 32 ans. Et la rumeur veut que l'idée de jouer pour John Tortorella, un entraineur de la vieille école des traitements punitifs et des cris dans le vestiaire et derrière le banc, ne tentait aucunement à Gauthier.

Brière a eu un dur premier 6 mois avec les Flyers avec ce qui s'est passé avec son fils

Hâte de voir Drysdale en Flyers ce soir, contre Montréal. Si il joue. 

Si les séries commençaient demain, Philadelphie les ferait. Même pas comme quatrième As. Parmi les 3 premiers de la Métropolitaine. 

Tortorella doit faire quelque chose de bien...

Gauthier sera copieusement hué à Philadelphie. Toute sa carrière qu'il débute. 

Comme Lindros l'a été.  

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