Est-ce que le format importe dans la LNH? Très certainement vous diront la plupart des dépisteurs de hockey professionnels. Marty est né tout petit et le restera aussi.
Du moins dans les standards de la LNH. Et on lui rappellera toute sa vie. Mais c'était sous-estimer l'immensité de son coeur.
Né le même jour que mon père et la même année que ma petite soeur Greenjelly, Martin a grandi dans le 450 Nord de Montréal. Vers 3 ans, il lace ses patins pour la première fois, puis vers 10, il se trouve une idole en Mats Naslund des Canadiens qui fait rire de lui avec ses 5'6. Mario Tremblay dira de Naslund à son arrivée en riant :"attendez il n'est peut-être pas si petit, il est suédois, parfois les morceaux nous arrive de là-bas en pièces détachées, ce n'est peut-être que la première partie!".
Le #26 devient le numéro fétiche de St-Louis. Martin était si petit que sa mère l'obligeait à porter une tuque garnie d'un énorme pompon. Ainsi, elle pouvait le reconnaître plus aisément à distance sur les patinoires extérieures. Le père de Martin mesure 5'6. Celui-ci était l'un de 14 frères et soeurs. Il a littéralement dû se battre toute son enfance pour atteindre ses objectifs. Marty a beaucoup hérité de lui. La taille, la hargne, le travail,sans relâche. Au niveau Bantam, l'âge où le contact est permis, la situation aurait dû se compliquer pour le petit attaquant. Mais au contraire, St-Louis se développe un coup de patin qui tient ses adversaires à distance, un sens du jeu exceptionnel et une habileté à livrer des mises en échec là où on s'y attend le moins: de la part d'un petit joueur fort animé.
En 1993, St-Louis a 18 ans. Personne ne réclame de joueur de 5'8 dans la première ronde. Alexandre Daigle fait 6 pieds, Pronger, 6 pieds 6' Gratton, 6 pieds 3, Arnott, 6 pieds 5. Aucun coup de fil ne sera donné dans le sillon de Martin St-Louis. Même si il a obtenu 87 points en 31 matchs dans la Ligue Centrale Canadienne. Les collèges étatuniens lui tendent la main et St-Louis réécrit le livre des records pour les Catamounts du Vermont.
51 points en 33 matchs en 1994
71 en 35 matchs en 1995
85 en 35 en 1996.
Avec son ami Eric Perrin et le gardien Tim Thomas, St-Louis offre à la concession collégiale du Vermont le premier championnat de l'histoire de leur franchise. Finaliste deux fois du trophée Hobey Baker remis au meilleur joueur collégial, les clubs de la LNH ouvrent un oeil mais pas le bon. Ottawa offre un essai à St-Louis, mais le laisse filer après le camp d'entrainement.
Les Lumberjacks de Cleveland le veulent pour eux dans Ligue Internationale et St-Louis leur livre une demie-saison de 50 points en 56 matchs. Les Flames de Calgary l'invitent donc à joindre leur club école et St-Louis jouera à St-John's où il joue les 25 derniers matchs et obtient 26 points, avant de marquer 20 autres points en autant de match quand son club est suffisamment inspiré pour atteindre la finale.
St-Louis se déniche un poste dans l'alignement partant des Flames, la saison suivante mais ne jouera que 13 matchs, récoltant 1 but et 1 passe. Il est retourné dans la Ligue Américaine où il obtient 62 points en 53 matchs. La saison suivante c'est le scénario inverse: il débute dans l'AHL avec 26 pts en 17 matchs, ce qui lui vaut un rappel dans la LNH pour 56 matchs. St-Louis ne marque que 3 buts et n,obtient que 18 pts, mais le directeur gérant Al Coates lui fait une offre et veut le garder. Toutefois celui-ci perd son poste et celui qui le remplace, Craig Button, ne voit rien d'intéressant dans l'athlète de 5 pieds 8. Comme 2000 est une année d'expansion qui accueillera des concessions à Columbus et au Minnesota, St-Louis se retrouve parmi les joueurs non protégés par les Flames.
Aucun des deux clubs ne le réclame. St-Louis devient agent libre. Tampa Bay lui offre une place à son camp d'entrainement, puis un poste dans leur club. St-Louis avait eu quelques offres et son flair l'avait guidé là où il croyait avoir le plus de temps de glace.
Tentant de s'ajuster au style de son entraineur Steve Ludzik, St-Louis en arrache jusqu'à Noël. Il est même écarté de l'alignement à quelques reprises. À 25 ans, il sait que le temps jouera contre lui, St-Louis, à la croisée des chemins prend une autre décision suivant son flair: il jouera d'instinct, comme si il jouait entre amis.
Il marquera 40 pts cette saison là, dont 18 buts et 34 de ses points son faits après Noël. Quand il joue d'instinct. Il se casse une jambe et est contraint de jouer seulement 53 matchs la saison suivante. Il avait déjà 16 buts et était à 5 pts de son total de la saison précédente avec 25 matchs de moins de joués.
Le progrès ne se fait pas tarder il marque 33 buts la saison suivante, obtient 70 points et une présence au match des étoiles. En séries éliminatoires, Tampa Bay passe une première ronde pour la,première fois de l'histoire de la franchise et 3 des 7 buts de St-Louis seront des buts gagnants, dont celui en surtemps qui éliminait Washington.
2004 sera magique pour Marty et ses coéquipiers. St-Louis termine premier marqueur de la ligue avec 38 buts et 56 mentions d'aide pour 94 pts et un différentiel de +38, le plaçant premier de la ligue à ce niveau. Tampa Bay gagne sa seule Coupe Stanley contre, ô douce ironie, Calgary, et St-Louis marque le but gagnant en surtemps lors du 6ème match forçant la tenue d'un 7ème match.
St-Louis clôture cette saison de rêve en raflant les trophées Art Ross, Hart ainsi que le Lester B.Pearson Award. Il ne sera que le 8ème joueur de l'histoire de la LNH à remporter, Art Ross, Hart et Coupe Stanley une même année et le premier depuis Wayne Gretzky en 1987. Il avait insisté pour que Tampa Bay fasse une place à son ami Eric Perrin dans l'alignement du club.
Pendant le lock-out qui a suivi, St-Louis joue à Lausanne en Suisse et y fait 25 points en 23 matchs. Il marque à nouveau 30 buts la saison suivante, pour la troisième fois consécutive mais ne totalise que 61 pts.
Il revient en force l'année suivante avec 43 buts et 102 pts. Des sommets qu'il n'atteindra jamais plus. Il n'est néanmoins pas moins bon car il cumule des saisons de 83, 80, 94 et 99 pts et participe à 6 matchs des étoiles. Entre 2009 et 2014, il n'obtient jamais plus de 16 minutes de pénalité ce qui lui vaut le trophée Lady Bing en 2010, 2011 et 2013. St-Louis jouera 499 matchs consécutifs dans l'uniforme du Lightning avant de reçevoir un lancer frapper en plein visage de son coéquipier Dominic Moore par erreur dans une pratique. Il ne ratera que 5 matchs et totalisera 74 pts tout de même. Il a tout de même 36 ans et ne montre pas de signe de fatigue.
Il se prouve encore le meilleur pointeur du circuit la saison (écourtée) suivante raflant un second trophée Art Ross et son dernier Lady Bing. En 2013, il marque 61 pts en 62 matchs, et était capitaine avant d'être échangé aux Rangers. Ignoré par son propre directeur-gérant dans la sélection de l'équipe Canada aux Olympiques, Marty voulait changer d'air. On honore son choix puisqu'il réclamait de n'être échangé qu'aux Rangers et à aucun autre club. En 19 matchs, il marque 8 pts, mais en série, son club atteint la finale et il marque 15 pts en 25 matchs. Dont ce but qui tue Montréal.
L'an dernier, il perd sa mère, et ses valeurs changent. St-Louis a encore bien peu à prouver dans la LNH. En 74 matchs, il obtient 52 pts, et les Rangers se rendent à nouveau dans le carré d'as. St-Louis ne marque que 7 pts dont un maigre but en 19 matchs et s'en est assez pour l'habile patineur de 39 ans.
Pour ses 40 ans, agent libre, Martin s'offre une retraite en se retirant avec tous les honneurs qu'on lui avait promis qu'il n'aurait jamais, parce que jugé trop petit.
Cette publicité narrée par St-Louis dit tout.
Il s'agit mon avis d'une des plus belles réalisées avec un hockeyeur de la LNH.
L'un des plus beaux hockeyeurs que le Québec n'aura jamais fourni, aussi.
Merci Marty.
Des leaders, des gagnants comme toi, il s'en fait peu.
Que ta détermination, ta discipline, ton éthique, ta rigueur et ta passion fassent école.
N'oublie jamais que personne ne voulait de toi.
Et qu'ils ont tous eu l'air très cons pour ça.
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