Cette édition des Canadiens de Montréal de 1977 est considérée comme la plus grande de l'ère moderne du hockey.
80 matchs, 60 victoires, 8 défaites, 12 matchs nuls. 132 pts.
8 défaites...voilà un record qui ne sera jamais égalé.
7 des joueurs de cette équipe ont vu leur chandail être retiré par l'organisation. Le 7ème, Guy Lapointe, samedi dernier.
8 petites défaites...
Jacques Lemaire, alors qu'il était instructeur dans la LNH, disait avec humour quand on lui parlait de cette fameuse saison où Montréal avait obtenu 132 points "On en a perdu 8, pis on y pense encore à celles-là...".
Steve Shutt allait marquer 60 buts. Guy Lafleur 56. Ce dernier serait premier marqueur de la ligue avec 136 pts en plus de gagner les trophées Lester B.Pearson, Hart, Conn Smythe. Dryden & Larocque rafleraient le trophée Vézina (à cette époque on le donnait à des tandems). Larry Robinson le trophée Norris et serait le meilleurs dans les plus et les moins. Scotty Bowman se sauverait avec le trophée du meilleur entraineur et Montréal placerait 4 joueurs sur la première équipe d'étoile (Lafleur, Dryden, Robinson et Shutt) et un sur la seconde (Lapointe).
Montréal dominerait son sport comme jamais plus il ne le ferait/fera.
On s'est remémoré tout ça samedi dernier lors du retrait du #5 de Guy Lapointe au Centre Bell.
Mais 8 défaites...ce devait être un honneur pour les clubs qui allaient battre cette puissante machine offensive qui allait gagner cette année-là des matchs par le pointage de 10-1 (contre Pittsburgh au match d'ouverture au Forum), 11-3 (contre Chicago), 8-1 (contre St-Louis, trois jours plus tard), 8-2 (contre Colorado), 8-1 (contre les Barons de Cleveland), 7-0 (contre Atlanta) ou 11-0 (contre Washinton).
Quelles en étaient de ces 8 défaites qui hantent les nuits de Jacques Lemaire?
Bien qu'il soit très difficile de trouver les statistiques détaillées des matchs de cette époque, on sait que Ken Dryden, qui avait joué dans 56 matchs avait obtenu 6 de ses 8 défaites et que Bunny Larocque, qui avait joué dans 19 matchs, avait obtenu, 2 de ces défaites.
BUFFALO, le 10 octobre 1976.
Après deux matchs au Forum de Montrél gagnés 10-1 contre Pittsburgh et 3-0 contre Vancouver, Montréal quitte vers l'État de New York pour y affronter son premier match sur la route contre les Sabres de la French Connection (Perreault/Robert/Martin). Buffalo n'a alors joué qu'un seul match, à Détroit la veille, et ils se sont fait déclassé 4-0 par un club qui n'en gagnera que 16 dans toute l'année. Ils sont fâchés et devant leurs partisans, ils ne veulent pas faire honte. Avec un excellent tandem de gardien en Gerry Desjardins (33 ans) et Don Edwards (22), mais aussi une défensive composée de Jocelyn Guevremont, Bill Hajt, et des agressifs Lee Fogolin, Jim Schoenfeld et le colosse Jerry Korab ainsi que d'une offensive guidée par la French Connection; mais aussi Don Luce (26 buts), Craig Ramsay (20), André Savard (25), Jim Lorentz (23) et de jeunes Danny Gare et Jacques Richard, Buffalo terminera la saison au très honorable 4ème rang de la ligue (de 18 équipes) et gagnera ce match 3-1.
Montréal bat Detroit (4-2) et corrige Philadelphie (7-1) toujours sur la route avant de revenir à la maison battre les Rangers 7-4. Ils quittent le soir même dans un calendrier hyper chargé de 5 matchs en 7 jours pour Beantown.
BOSTON, le 17 octobre 1976.
Probablement crevé, et face à un adversaire dont la haine, l'hostilité et la hargne sont légendaires, Boston compte sur Jean Ratelle (33 buts, 94 pts), Peter McNab (38 buts), Gregg Sheppard (31), Brad Park (67 pts), Terry O'Reilly (147 minutes de punitions) Bobby Schmautz et Wayne Cashman. Gary Doak, Stan Jonathan et Mike Milbury ajoutent une agressivité qui intimide Montréal. Le gros Don Marcotte est impossible à déplacer de devant le filet. Fatigués de cette semaine de fou et face à un club qui n'a perdu qu'un seul de ses 5 premiers matchs, Montréal s'inclinera 5-3.
Montréal gagnera ensuite 6-0 (contre Washinton), 5-3 (contre Toronto), 9-1 (contre Pittsburgh), 4-1 (contre les Islanders) avant d'annuler 4-4 (contre les Black Hawks de Stan Mikita et Bobby Orr en fin de carrière).
Ils reçoivent à leur tour au Forum, les Bruins de Boston.
MONTRÉAL, le 30 octobre 1976.
La veille de l'Halloween, les Bruins se déguisent à nouveau en trouble-fête. Boston, malgré les pertes au cours des années de Bobby Orr et Phil Esposito, sont une très bonnes équipe qui atteindra d'ailleurs la finale de Coupe Stanley. Si Orr n'avait plus les genoux pour continuer à Boston, le départ de Phil Esposito pour New York en 1975 amène Brad Park qui est une redoutable alternative. Joe Zanussi, Jean Ratelle (premier marqueur du club celui-là) sont aussi de l'échange. L'été suivant, la liaison Boston-New York est encore bonne puisque Ken Hodge est envoyé aux Rangers et le jeune Rick Middleton se joint au Big Bad Bruins. Il n'a que 20 ans, mais obtiendra 42 pts à sa première saison Bostonienne. Il en jouera 11 autres là-bas. avec des saisons de 86 pts, 92, 103, 94, 96 et 105 entre 1979 et 1984. Il marquera aussi 51 buts en 1982 et plus de 40 buts 5 ans de suite. Boston offre la seule défaite à domicile aux Canadiens cette saison là par le pointage de 4-3.
Montréal gagne 5 fois et fait match nul 2 fois avant de se rendre au Maple Leaf Garden.
TORONTO, le 17 novembre 1976.
Les Leafs auront une saison bien ordinaire cette année-là. Ni bons, ni mauvais, ils réussiront tout de même à placer 2 joueurs sur les deux équipes d'étoiles. Bjorge Salming se retrouve sur la première équipe d'étoiles à la ligne bleue et Lanny MacDonald à l'aile droite sur la seconde. Le vrai souvenir impérissable (puisqu'il s'agit à ce jour d'un record toujours imbattu), s'est passé en février de la saison précédente pour les Leafs, mais depuis, la relation du capitaine Sittler avec le difficile Harold Ballard s'est grandement détériorée. Ian Turnbull, à 22 ans, est une excellent nouvelle pour les Leafs mais, ce soir de Novembre est LE bel exploit de leur saison puisque non seulement Toronto bat une impressionnante machine de hockey, mais elle les blanchit. Toronto file avec le match par le pointage de 1-0, le blanchissage allant au compte de Mike Palmateer.
Montréal gagne 9 de ses matchs suivants et annule l'autre avant de prendre la route pour New York.
MANHATTAN, le 12 décembre 1976.
Montréal n'a accordé que 20 buts à ses 10 derniers matchs, dont le quart dans un seul match (ardu) contre Toronto. Les calendriers de l'époque étaient extrêmement serrés alors que la moyenne de matchs par semaine était de 4! La moyenne! ce qui veut dire que certaines semaines, les clubs jouaient 5 matchs en 7 jours.
Montréal venait de battre facilement Détroit la veille 5-0 et peut-être ont ils pris à la légère les Rangers de John Ferguson qui termineront dernier cette année-là de leur division. Phil Esposito, Rod Gilbert, Ken Hodge et Carol Vadnais forment le coeur de cette équipe et ils ont respectivement 34, 35, 32 et 30 ans. Mais Don Murdoch, à 19 ans, avec ses 56 points en 59 matchs, Ron Greschner, à 21 ans, Pat Hickey à 23 (et autant de buts) et John Davidson au même âge promettent de belles choses pour New York. Ils atteindront d'ailleurs la finale de la Coupe Stanley deux ans plus tard. Ils surprennent Montréal 5-2.
Montréal est intraitable et ne perd pas pour les 11 matchs suivants. Humiliant Buffalo 9-2 pour se venger de cette première défaite en début de saison et Boston 7-3. Ils se rendent à St-Louis après avoir joué dans les hauteurs du Colorado la veille.
ST-LOUIS, 12 janvier 1977.
La distance entre le Colorado et le Missouri n'est que d'un État (le Kansas), mais le trajet en altitude a peut-être été un facteur d'influence sur la performance des montréalais car après avoir massacré les Rockies 6-0, c'était à leur tour de passer au hachoir. Les Blues n'étaient plus l'ombre de cette équipe triplement finaliste de la Coupe Stanley entre 1968 et 1970. D'ailleurs leur entraîneur de cette époque est désormais celui des Canadiens. Mais sous la gouverne d'Emile Françis, il termineront tout de même au premier rang de leur division (aussi la plus faible du circuit). Montréal les avaient humiliés 8-1 en novembre et les Blues en avait encore...les blues (trop facile...). Bob MacMillan, Gary Unger, Larry Patey, Red Berenson, Pierre Plante, Rod Seiling, Jerry Butler , un jeune Bernie Federko, les frères Plager, Claude Larose et Chuck Lefley (deux anciens Canadiens ces deux-là) composent le coeur de cette équipe. Ils humilient à leur tour des gars qui les auront surement pris un peu à la légère par le pointage de 7-2.
Les Canadiens flagellent les Kings de Marcel Dionne au Forum de Montréal 6-0 avant de retourner à l'hostile Garden de Boston.
BOSTON, le 17 janvier 1977.
La jalousie féroce des Bostonnais et la haine naturelle du talent montréalais écrase les élans productifs des Canadiens. Ils sont déclassés 7-3 pour une troisième fois de la saison contre les Big Bad Bruins. Montréal est amer. Boston, fier. Boston termine la saison honorablement comme auteurs de 3 des 8 défaites des puissants Canadiens et l'équipe de Don Cherry se classe au troisième rang de la ligue derrière Montréal et Philadelphie avec 106 pts. Ironiquement, des 7 première défaites, 5 sont infligées par l'un des 6 clubs originaux de la LNH.
BUFFALO, le 6 mars 1977.
Les Sabres auront infligé la première défaite des Canadiens, leur auront donné du fil à retorde à Montréal en ne perdant que 3-2, se seront fait liquider 9-2 de retour chez eux, mais auront annulé le match suivant à Montréal. Les hommes de l'instructeur Floyd Smith comptaient bien niveler les matchs de cette série. Et ils le feront brillament, stoppant la série de matchs sans défaites du bleu-blanc-rouge avec une étincelante victoire de 4-1 devant leurs partisans. Terminant leur calendrier d'affronts contre Montréal de la même manière qu'ils l'avaient entamé.
Montreal ne perd pas à ses 12 derniers matchs, mais surtout n'accorde pas plus que 12 buts!
En séries éliminatoires, Montréal pulvériserait St-Louis en 4 matchs expéditifs, leur accordant 4 maigres buts avant d'éliminer les Islanders en 6 matchs et de vaincre Boston en finale en 4 matchs, ne leur accordant que 6 buts (contre 16).
Le but gagnant du dernier match de cette saison magique étant celui que tout le monde rêve de faire.
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