mercredi 18 juillet 2018

Ray Emery (1982-2018)

Christ.

Pourquoi ça m'affecte autant?

Ray Emery est né à Hamilton et était un si bon élève à l'école que les bourses scolaires se sont accumulées en sa faveur. Jeune, il était impliqué au soccer, au hockey, au baseball et au golf. Il commence même comme défenseur au hockey, mais choisit de jouer gardien à partir de ses 9 ans. Principalement parce que dans son quartier, il y en a trop peu. C'est sa mère qui lui conseillera ce sport.

À 16 ans, il joue Junior C, après que 8 clubs l'eût rejeté. Il en sera nommé "recrue de l'année".

Les Greyhounds de Sault Ste-Marie en feront leur choix de 5ème ronde en 1999, dans la OHL. Il passe la saison suivante entre la OHL et une ligue inférieure. En 2000-2001, il se gagne une certaine popularité avec des talents pugilistiques inattendus. Il est aussi brillant devant le filet. Il sera nommé gardien de l'année dans la OHL, avec ses 33 victoires et sa moyenne de 2,73.

Il sera choisi par les Senateurs d'Ottawa au repêchage de 2001, 99ème au total, 4ème ronde. Il assume dès la saison suivante la position de gardien #1 avec le club-école des Sénateurs, Binghampton, dans la AHL. Il sera à la fois élu dans la première équipe d'étoiles, sera de l'équipe de recrue par excellence, et voté joueur le plus utile de la AHL.
Dans cette éclatante saison, il est suspendu trois matchs pour avoir bousculé un arbitre. Puis une seconde fois, pour un geste posé contre Denis Hamel qui lui avait lancé une insulte raciale. ironiquement, Hamel et lui seront coéquipiers quelques temps plus tard.

En 2005, Ray Emery bat un record de la LNH en débutant ses 9 premiers matchs à vie dans la LNH avec une victoire. Battant le record de Bob Froese, des Flyers de Philadelphie, record datant de 1982-1983.  Plus tard, dans la même saison, en mars, il gagne 12 matchs, égalisant le record de Bernard Parent de 1974 pour le plus grand nombre de victoires en un même mois. Quand Domink Hasek se blesse aux Olympiques de 2006, Emery hérite du poste de #1. Il sera le gardien de confiance jusqu'à la fin de la saison. Incluant deux rondes de séries éliminatoires.

La saison suivante, Ottawa choisit de ne pas renouveler le contrat de Hasek. Et vont chercher Martin Gerber afin de lutter auprès de Ray comme gardien #1. Gerber gagne le poste de #1, mais il est si faible lors du début de la saison, qu'Emery hérite du devant du filet en presque permanence, dès novembre. En février, il sera suspendu 3 matchs pour avoir frappé au visage Maxime Lapierre qui avait foncé sur lui.
12 jours plus tard, Emery est impliqué dans une mêlée et se bat, dans un match contre Buffalo, une première fois contre le gardien Martin Biron, puis, sur la même séquence, tout de suite après avec Andrew Peters.  Il rigole en se battant du début à la fin. Il obtient, phénomène rare pour un gardien, de deux 5 minutes pour s'être battu deux fois. La presse locale le surnomme maintenant alors "Sugar Ray" allusion au boxeur Sugar Ray Leonard. Il se fera dessiner le boxeur sur son masque.

En 2007, après avoir éliminé en séries, Emery fort allumé devant le filet, Pittsburgh, New Jersey et Buffalo, en 5 matchs chaque fois, il amène presqu'à lui seul (pas vrai, le fameux trio Heatley-Spezza-Alfredsson y est aussi pour quelque chose), les Sénateurs en finale de la Coupe Stanley. Qu'il perdront en 5 matchs aussi. Face aux Ducks.

Il devient agent libre à la fin de la saison. Il ira en arbitrage et gagnera sa cause en arbitrage, restant avec les Sens. Mais il se blesse dès la saison suivante. Son contrat est racheté et il redevient agent libre.

Comme on ne le voit plus garder les buts vraiment, personne ne le réclame. Il signe alors à Moscou dans la toute nouvelle KHL. Il agresse un pion des oligarques un soigneur qui veut lui enlever une casquette personnelle en faveur d'une casquette de commandite. En tant que gardien étranger, il n'a droit que de garder 65% des matchs (sur 56 matchs). Ce qu'il fera. Il sera formidable avec un pourcentage d'arrêt de .926 et garde une moyenne de 1,86 buts accordés par matchs.

Les Flyers lui font une offre pour 2009. Mais il rate presque toute la saison en raison d'une blessure à l'abdomen devenu ensuite ostéonécrose. On lui retirera 13 centimètres d'une jambe. Ce qui aurait dû compromettre sa carrière complètement. Mais il travaille d'arrache-pied.

En janvier 2011, il reçoit des lancers à nouveau de la part de joueurs de la OHL. Il est signé par Anaheim en 2007, et se mérite une nomination justifiée pour le trophée Bill Masterton, remis au joueur ayant surmonté des épreuves jugées insurmontables, mais dont la persévérance devient un modèle sociétaire.  Il gagnera ses 6 premiers départs avec les Ducks. Dans la deuxième semaine de mars, il est élu la première étoile de la semaine dans la LNH. Mais il n'est pas gardien #1.

La saison suivante se fera dans l'uniforme des Black Hawks de Chicago. En 2013, il marque l'histoire en devenant le premier gardien à gagner ses 12 premiers départs de la saison. Il établit un record de concession, à Chicago, en enregistrant 3 blanchissage en 5 matchs. Il termine la saison avec une moyenne de 1, 90 buts accordés par match. Avec Corey Crawford, ça lui vaudra le trophée William M.Jennings accordé au tandem de gardien ayant accordé le moins de buts durant la saison.

Il gagne la Coupe Stanley. Sur le banc, mais il la gagne tout de même. Un noir, Black Hawk.

Il retourne les deux saisons suivantes à Philadelphie.

En 2015, il a un essai avec Tampa Bay. Qui ne le garde pas. Il s'entraîne en jouant avec l'Ontario Reign dans la AHL, club-école des Kings. Il est déplacé aux Marlies, club-école des Leafs.

Quand Corey Crawford enregistre son 7ème blanchissage, en 2016, il crédite son éthique de travail à Ray Emery.

Ray était une bête particulière. Voilà peut-être pourquoi je suis si bouleversé par sa mort. Il s'est souvent battu, ce qui est rare pour un gardien, il a été impliqué dans des incidents criminels, surtout à Ottawa, rage au volant. bataille dans les bars, usage de drogues. Il manque des avions, se bat contre son coéquipier Brian McGrattan, arrive en retard aux pratiques, pète les plombs trop souvent dans le vestiaire, est régulièrement tenu à l'écart par la direction pour son tempérament trop intense.

Je ne suis pas un saint, mais je ne suis pas en prison non plus dira-t-il.

Mais il est mort.
À 35 ans.
Dimanche.
Noyé.

Je soupçonne qu'il n'était pas à jeun.

Christ.

Pourquoi ça m'affecte autant?

Parce qu'il était si différent.
Et intéressant.

Et parce qu'on ne meurt pas à 35 ans.

Jamais.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les arbitres seront en contact avec Toronto afin de consulter la reprise vidéo en ce qui concerne votre commentaire. Vous serez publié bientôt n'ayez crainte (à moins d'être parfaitement incohérent).