mercredi 14 août 2019

La Coupe des Broad Street Bullies

1974.

L'aréna des Flyers de Philadelphie est sur la rue Broad.
Bully: Intimidateur.
Bullies: Intimidateurs.

Dans chaque sport vous avez besoin de bons et de vilains.
Les Flyers de Philadelphie des années 70 étaient les deux.

À leurs tout débuts dans la LNH, Philadephie a toujours une bonne équipe en saison régulière, mais se fait déclasser en séries, principalement physiquement, par les Blues de St-Louis, chaque fois. Le propriétaire Ed Snyder décide alors que son club sera plus gros, plus fort, et qu'il ne se fera plus jamais intimider. Qu'il sera même l'intimidateur.

Après un premier passage avec les Flyers, le gardien Bernard Parent évolue deux ans à Toronto et un an dans l'AMH. Mais Philadelphie le rapatrie en 1973. Splendide décision. Elle seront rares devant le filet, dans l'histoire de l'organisation. L'embauche de Dave Schultz, en 1972, a aussi été formidablement importante. Entre 1972 et 1975, il a cumulé des saisons de 259, 348 et 472 minutes de pénalités, successivement en 76, 73 et 76 matchs. Les stars Bobby Clarke, Rick Macleish, Bill Barber sont protégées. Les sales têtes de Gary Doernhoefer ou d'Orest Kindrachuck font peur. "Moose" Dupont est tout simplement fou. Bob Kelly et Ed van Impe ont chacun respectivement 130 minutes et 119 minutes de pénalités.

La stratégie de l'intimidation fonctionne à merveille.

Après une saison où les hommes de Fred "the fog" Shero termineront premiers de la division Ouest, et deuxième de toute la Ligue, à 1 pt des Bruins.

En première ronde des séries, Philadephie affronte Atlanta. Ils les battent 4-1 et 5-1 à domicile et 4-1 à Atlanta.
Lors du 4ème match, à Atlanta, Bryan Hextall, ironiquement le père de Ron, futur Conn Smythe, tête folle et GM des Flyers, jettera les gants rapidement contre Dave "the hammer" Schultz. Schultz mettra Hextall en sang.
Atlanta prend les devants 3-0 devant ses partisans et on sent qu'il y aura un 5ème match. Mais Andre Dupont met le pointage à 1-3, 13 secondes après le sanglant combat. En troisième, à 1:16 du début de la troisième, Gary Doernhoefer met le pointage à 2-3. Avec Pat Quinn (futur entraîneur des Flyers!) est au banc des pénalités, Tom Bladon nivelle le pointage à 3-3, à 6:34 en troisième. Bobby Clarke, solide capitaine du club, orchestre le premier et le dernier but.
En surtemps, Bobby Clarke, encore lui, prépare le jeu pour Dave Schultz, qui élimine les Flames en battant Phil Myre (futur Flyers!) d'un lancer bas. Atlanta est balayé en 4 matchs.

En deuxième ronde, Philadelphie affronte les Rangers qui ont surpris Montréal en première ronde en les battant en 6 matchs. Les deux premiers matchs à Philadelphie sont à leur avantage, battant New York 4-0 et 5-2. Mais New York gagne ses deux matchs à domicile aussi, 5-3 et 2-1 en surtemps et la série est égale 2-2. Philadelphie gagne dans l'intimidant Spectrum de Philadelphie 4-1. En effet, quand la chanteuse Kate Smith chante l'hymne national, Philadelphie ne perd pas à domicile. New York égalise la série à 3-3 gagnant le 6ème match 4-1 aussi. Mais au dernier match. Kate Smith vient chanter. Donc Philadelphie ne peut pas perdre. Ils gagnent en effet 4-3 et passeront en finale. Il s'agit de la toute première fois qu'un club de la première expansion de la LNH élimine un club des 6 clubs originaux de la LNH.

Boston, pendant ce temps, éliminait Toronto en 4 matchs en première ronde, puis Chicago en 6, en deuxième ronde. Ils seront les adversaires de Flyers en finale. Position 1 vs 2 en finale. Fair enough.

Lors des 19 derniers matchs entre Boston et Philadelphie, Boston avait gagné 17 fois. Ils n'avaient pas perdu les 2 autres, les annulant. Philadelphie avait toutefois gagné le 20ème match, tard en saison régulière, par le pointage de 5-3. Boston restait tout de même favori avec leur premier rang.

Lors du premier match, c'est 2-2 tard en troisième quand Bobby Orr bloque un filet ouvert dans sa zone, quitte pour la zone adverse et bat Bernard Parent d'un bon lancer avec seulement 0:22 secondes à jouer. Boston part avec la première victoire. Boston mène le second match 2-0 mais en troisième, Bobby Clarke fait 1-2, et Andre Dupont (aidé de Clarke)égalise avec 0:52 secondes à jouer. Bobby Clarke place la série à égalité en surtemps avec son troisième point, marquant le but gagnant.

Les deux matchs suivants sont l'oeuvre de Bernie Parent. Il n'accorde que 3 buts en 2 matchs et Philadelphie mène la série 3-1 avec deux victoires à domicile de 4-1 et 4-2. Mais à Boston, les Bruins, qui avaient donné la première chance à Bernie Parent entre 1965 et 1967, les mitraillent, Bobby Orr marque deux fois en deuxième et Boston gagne 5-1. Le match est ponctué de multiples batailles et d'escarmouches impliquant Dave Schultz, "Moose" Dupont, Tom Bladon, Wayne Cashman, Carol Vadnais et Bobby Schmautz.
La série est maintenant 3-2 en faveur des Flyers, qui retournent à domicile.

Lors du 6ème match, Bernard Parent repousse 30 lancers, dont un puissant de Ken Hodge, tard en troisième. Rick Macleish, en première période, a mis le pointage à 1-0 avec son 13ème but. Ça suffira.

Kate Smith avait chanté avant le match.
Philadelphie, plutôt brutalement, gagne sa toute première Coupe de son histoire. La première gagnée par un club de l'expansion, la première qui ne soit pas gagnée par un des 6 clubs originaux depuis 1926.

Philadelphie refait la manège la saison suivante, terminant cette fois premier de la Ligue, avec maintenant Reggie Leach, acquis des Golden Seals de la Californie dans l'AMH, qui marquera 45 fois en saison régulière, et faisant à nouveau de Bernard Parent son récipiendaire du Conn Smtyhe, contre Buffalo cette fois, pour gagner sa seconde Coupe, la seule autre de l'histoire de son organisation.

Cette année marque les 45 ans de sa toute première. 

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