mercredi 13 novembre 2019

La Brave Ligne Choucroute

Boston ne devrait jamais se rappeler de Don Cherry.
Associé à l'inaccomplissement de toute manière.

La LNH ne devrait jamais se rappeler de Don Cherry.
Qui l'a ternie trop longtemps.

Cherry a fait sa sortie à la McSorley, un joueur qu'il a dû, un temps, admirer.

Boston, en cette semaine du jour du souvenir devrait toutefois se rappeler de "La Kraut Line".

Au Canada anglais on dit Rememberance day. Aux États-Unis, Veteran's Day. C'est la même chose.
Un jour pour se rappeler les braves qui sont tombés à la guerre. Mais aussi ceux qui en sont revenus. Brisés. Blessés. Assurément transformés. Différents.

La Kraut Line c'était Woody Dumart, Bobby Bauer et Milt Schmidt, des Bruins de Boston. Trois excellents attaquants des Bruins de Boston, les Pastrnak, Bergeron, Marchand de l'époque, tous trois originaires de Kitchener en Ontario, une ville ironiquement reconnue pour ses immigrants allemands, appelée Berlin jusqu'en 1916.

Le surnom du trio "sauerkraut line" leur avait été donné par des adversaires. La ligne choucroute.

Joignant les rangs des Bruins en 1938, le trio n'a pas pris de temps à devenir leur meilleur. Gagnant la Coupe dès 1939, avec Eddie Shore comme coéquipier. Boston, avec le même trio, regagnait la Coupe en 1941, balayant Detroit en finale. Entretemps, en 1940, le centre Milt Schmidt gagnait le trophée Art Ross, remis au meilleur marqueur de la Ligue avec 52 points en 48 matchs.Les deux suivants sont Dumart et Bauer avec 43 points.

Bauer, Schmidt et Dumart, 26 ans, 23 ans et 26 ans respectivement, étaient tous les trois dans la fleur de l'âge quand ils décidèrent de plaquer la Ligue Nationale et de se porter tous les trois volontaires pour l'effort de guerre canadien, afin d'aller se battre contre les Nazis. Dans la Royal Canadian Air Force.

Restrospectivement, on remarque que plusieurs joueurs de la LNH l'ont fait. Mais ces trois là, c'était littéralement amputer Bergeron, Pastrnak et Marchand des Bruins, avec aucune assurance que l'un des trois ne revienne vivant.

Les trois joueurs prêts pour ce sacrifice.

Bien que ce fût une époque où il était plus facile de trouver sa place en finale avec seulement 6 clubs, reste que les Bruins n'ont gagné par la suite que quelques Coupes sur les 77 années suivantes. Pas même 4.

"We should have won more!".... "I Know"
Même avec le meilleur défenseur au monde, celui qui allait en changer le rôle, Bobby Orr, le club ne gagnerait que 2 fois, en 1970 et en 1972. À une époque, entre 1968 et 1977, où la compétition, outre Montréal et Philadelphie, était relativement faible. Orr a eu trois autres saisons de plus de 100 points APRÈS la conquête de 1972 et avec un groupe de joueurs formidable, parmi eux le flamboyant Phil Esposito, ils ne connaîtrait pas le succès ultime.

Les Bruins sont toujours remarquables de nos jours, ayant gagné la Ugly Cup de 2011, une année où leur capitaine aurait dû être suspendu à la Maurice Richard, et ont perdu deux fois en finale, en 2013 face à Chicago et l'an dernier face aux Blues. Ils sont encore de très sérieux prétendants aux grands honneurs avec une équipe presque parfaite. Dans un circuit de maintenant 31 clubs.

Mais revenons à la Kraut Line, ceux-ci quittait un club qui avait gagné la Coupe un an auparavant, un club dont ils étaient la bougie d'allumage, et ils partaient tous les trois pour, peut-être l'ultime sacrifice. Avec trois noms de famille à consonances allemandes, ce qui rendait leur présence inconfortable dans les rangs militaires canadiens compte tenu des fascistes ennemis qu'ils allaient combattre.  Au dernier match de la saison, par admiration, les joueurs du Canadien, leurs adversaires, allaient les transporter sur leurs épaules par respect pour leur geste.

Comme Elvis dans l'armée, ils ont, bien entendu, été préservés là-bas de situations trop périlleuses et sont tous les trois revenus sains et saufs au Canada.

Schmidt reviendrait avec les Bruins pour longtemps, y terminant sa carrière de joueur en 1955, devenant entraîneur lors de cette même saison, et ce, jusqu'en 1966. Il amènerait son club, comme coach, deux fois en finale, en 1957 et 1958, dans des causes perdues. Et aidant son club, comme joueur, à aussi atteindre la finale dès son retour en 1946 et en 1953, toujours dans des causes perdues, les deux fois face à Montréal. Schmidt vivra jusqu'au 4 janvier 2017, où il décède à 98 ans.

Woody Dumart sera aussi un Bruins jusqu'en 1954. Terminant sa carrière moins gracieusement, dans la AHL, mais vivant.

Bobby Bauer serait un Bruins jusqu'en 1947, gagnant le trophée Lady Bing trois fois avec 36 punitions seulement en 327 matchs. Il sera ensuite entraîneur dans la OPHL, y gagnant deux championnats et le club et étant entraîneur de l'équipe de hockey canadienne aux Olympiques de 1956 (médaille de bronze) et de 1960 (médaille d'argent).

Le jour du souvenir de lundi, c'était aussi un peu ces trois Grands Hommes.

Et la soustraction publique de celui dont on ne devrait jamais se souvenir.

Les trois seront intronisés au temple de la renommée.

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