Pas nécessairement à coups de poings, mais en se brassant les puces.
Y a des batailles qui naissent comme ça dans le feu de l'action. Des incendies nés d'étincelles. Aussi vite éteints.
Mais je dirais que la plupart des combats, je les trouve idiots, inutiles, suspendables.
Une bataille initiée par un club qui perd 5-1 en fin de troisième période, c'est pas une bataille justifiée. C'est la consécration d'une frustration qu'une bataille ne réglera en rien. Que tu gagnes ta bataille ou non, tu sors du match du côté des perdants.
Une bataille sur rendez-vous est selon moi ce qu'il y a de plus suspendable. On s'est parlé à la mise au jeu, on laisse tomber les gants quand la rondelle est elle-même tomber sur la glace et on s'étudie avant de se puncher ou au se saute tout de suite l'un sur l'autre. Ce n'est pas du hockey, c'est du règlement de compte.
Adam Lowry, le #17 des Jets, un dur joueur de centre, revenait de 2 matchs de suspension pour un geste douteux. Dans ce match, il en a commis un autre. Moins douteux, mais venant de lui, on ne sait plus. Ça devient du brouillard. Comme si Chris Kreider tombait vraiment par erreur sur un bon gardien, on ne saurait plus distinguer le volontaire du non volontaire.
Alex Tuch, le #89 des Golden Knights est en possession de la rondelle dans le coin de la patinoire et le ballet des joueurs en train de foncer vers ce coin entraîne Adam sur la rampe où il met promptement en échec Alex Tuch qui avait les yeux 100% sur la rondelle et ne l'a jamais vu venir. Tuch s'écrase lourdement au sol. Lowry semble un peu surpris du résultat de sa mise-en-échec. De mon point de vue, ça me semblait honnête et légal. Les deux arbitres sont du même avis puisqu'ils n'appellent aucune pénalité sur la séquence.
Tuch est mal en point.
Les joueurs de Las Vegas sont légèrement agités. Hey! notre joueur est K.O.? no call? L'agitation rejoint le banc, l'entraîneur Gerard Gallant, un dur à son époque de joueur, exhorte aux arbitres que l'épaule visait la tête. Lowry, selon moi, ne visait rien. Il a atterri là où il a atterri. Sur une tête bien basse, mais des épaules au bon endroit. Juste assez brouillon pour faire circuler dans des têtes froides, du sang soudainement chaud.
Et nous sommes dans ce bouillon chaud de manque de clarté quand la mise au jeu suivante se prépare à prendre part. Gallant, frustré, place son plus dur, Ryan Reaves, un ailier, au centre pour la mise au jeu. Ce qu'il n'a jamais fait, prendre part à une mise au jeu, au centre. De l'autre côté de la mise au jeu, à sa position, lui, Adam Lowry. Tout le monde sait ce qui se prépare. Ce ne sera pas du hockey. Vous ne voulez pas sévir messieurs les arbitres, ça va, on s'en occupera. Lowry, fils de Dave, un dur à son époque aussi, comprend très bien que la loi du code s'appliquera, et que justice sera recherchée personnellement dans le Far-Ouest des multimillionnaires.
Reaves lui confirme en lui disant avant la mise au jeu "on règlera ça tout de suite, ça te va?". Sous la forme du codé "Ok?"
Lowry répond par l'affirmative de la même manière.
La foule, les commentateurs, les arbitres comprennent tous ce qui se prépare. Reaves ne sait pas prendre une mise au jeu. Il n'y est que pour la chorégraphie, rondelle sur glace, gants qui vont le rejoindre, on s'étudie, on se frappe à coups de poings. Les arbitres se consultent, ils ne savent trop quoi faire. Ça se communique à Reaves qui se retire temporairement de la mise au jeu, semblant dire "vous savez que je fais semblant, on se bat tu tout de suite ou...?" Lowry lui-même lance aux arbitres "Ça me va! Ça me va! laissez tomber la rondelle, je suis à l'aise avec tout ça!" Reaves se garde loin du cercle de mise en jeu où tombera la rondelle, comme un ailier. Il ne jouera même pas la mise au jeu, la mise-en-scène a ses limites, le mauvais théâtre pue, tout le monde le sait non- centre.
Et en mission de revanchard boxeur.
Lowry refuse la demande de changement du banc du plus honorable entraineur Paul Maurice. Ce théâtre lui pue aussi au nez. I got this! dit Lowry. Les commentateurs s'en amuse. Cette culture est infecte.
La rondelle tombe, les gants suivent le même trajet, on s'étudie, on se frappe, Lowry se débrouille très bien, Reaves offre le coup le plus dur, mais termine le combat entricoté dans son propre chandail et ses épaulettes, incapable d'en sortir la tête. Il n'a pas vengé complètement Tuch, mais a amené Lowry là où on le voulait du côté de Vegas. Lowry a tout de même essuyé les foudres de l'une des trois brutes les plus fortes de la LNH.
Les Jets perdaient 3-1 après une période.
En début de deuxième ceci se produit.
Il n'y aura pas d'autres buts dans cette période.
En troisième, les Jets en marquent 2. 3-3.
En surtemps, ils gagnent.
Kyle Connor participant aux trois derniers buts, marquant celui en surtemps.
Stimulés par Lowry tenant son bout?
L'an dernier, Paul Byron frappe MacKenzie Weegar dans le coin de la patinoire dans un match entre Montréal et la Floride. Weegar sera tenu à l'écart une grande partie de la saison. Pour son geste, jugé une charge, il écope de 5 minutes sur le jeu, est expulsé du match, et sera suspendu.
Mais Weegar revient au jeu en fin de saison et invite ti-Paul, qui a pourtant été soustrait de salaire et de temps de jeu par la Ligue, à appliquer le code. Paul, dont ça n'a jamais été le rôle répond à l'invitation.
Et meurt.
Il n'a jamais été le même joueur depuis.
Un lien avec ce jour de duel au soleil?
Suspendez tous ceux qui se donnent rendez-vous pour se battre.
À la limite, on aura de très mauvais comédiens qui feront semblant de jouer au hockey intensément pour rien devant le filet quand le jeu est arrêté. Ce qui serait aussi clownesque que ce code qui prévaut en ce moment.
Ça restera encore loin du théâtre du soccer.
Et suspendez les coachs qui trop clairement, commandent une bataille.
On a encore le goût du hockey.
Et celui qui parle encore de "finir sa mise en échec".
Avec lui il faut se battre.
Pour en finir avec cette expression à la con.
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