mercredi 11 septembre 2024

Offres hostiles dans la LNH

Rien n'est plus frénétique qu'une offre hostile dans la LNH.

C'est à la fois une agression qu'un club adverse fait à un joueur qui ne s'est pas encore entendu avec le club auquel il appartient déjà, contractuellement, et à la fois une promesse de vol qualifié si la pression de l'entente offerte n'est pas égalée dans l'espace de 7 jours par le club auquel il appartient.

Dans les deux cas, le club contre qui se fait l'offre...devient hostile. On l'oblige à "mieux" gérer ses dossiers.

Don Waddell ne s'était pas caché de son mépris pour Marc Bergevin quand celui-ci avait offert une offre hostile, d'abord acceptée rappelons-le, à Sebastian Aho en 2019, au point qu'il lui ferait le coup, plus gauchement, avec amertume deux ans plus tard. Plus de détails plus bas.

L'offre hostile reste rare. Il existe toute sortes de conditions afin de réaliser l'acquisition, parfois, ça vous coûtera des compensations en retour. 

Survolons son histoire dans la LNH.

Le défenseur Gary Nylund n'a pas connu une carrière spectaculaire. Défenseur défensif, colosse de 6'4, il a commencé sa carrière avec les Maple Leafs qui l'ont repêché 3e de tout le repêchage de 1982, lui donnant une valeur qu'il n'aura jamais dans la LNH. Les Black Hawks le font passer à l'histoire en faisant de lui le premier joueur surpayé par une offre hostile que Toronto n'accotera pas. Il jouera les 3 ans proposés par les Hawks à 620 000$ par saison, avant de jouer ses 4 dernières comme Islanders. 

2 ans plus tard, les Rangers proposent une offre aux Oilers pour l'ailier Geoff Courtnall qui a brillé en gagnant la Coupe Stanley. Mais Edmonton choisit d'échanger Courtnall (pourtant agent libre) aux Capitals en retour des droits sur Greg Adams et un choix au repêchage. 

Les devenus tristes Nordiques de Québec font une offre hostile au vieux Guy Lafleur des Rangers mais mal avisés, seront forcés de donner 100 000$ et un choix de 5e ronde en 1990. La même année, l'autre club du Québec, les Canadiens de Montréal, ont la chance d'accoter l'offre de 3 ans à 1,6 millions faite à Larry Robinson par les Kings de Los Angeles. Ils n'accoteront pas l'offre, le légendaire défenseur y jouera ses 3 dernières saisons.

En 1990, le prof Caron est ridicule pour les Blues. Oui, il acquiert Scott Stevens des Capitals, un tout à fait formidable défenseur. Mais sera forcé de donner 5 choix de première ronde pour les 5 ans à venir. Le prof Caron sera un clown de l'offre hostile. 

En 1991, Dave Christian est un Bruins. le prof Caron lui fait une offre hostile si mal tricotée qu'elle est abandonnée. Boston se venge en faisant pas une, mais deux offres hostiles à des joueurs des Blues. Une à Glen Featherstone et une à Dave Thomlison. Toutefois Boston doit donner en compensation Dave Christian (qu'on voulait de toute manière) un choix de 3e ronde et de 7e en 1992, et un choix de 6e ronde en 1993. Échange déguisé.

En offrant 3 ans à plus de 3 millions à Brendan Shanahan des Devils, le prof Caron pêche encore par irrégularités et doit donner Curtis Joseph, Rod Brind'amour et deux choix au repêchage ou l'excellent Scott Stevens. NJ choisit de laisser partir Shanahan et accepte Stevens plutôt que l'autre choix. Stevens soulèvera la Coupe Stanley trois fois le premier comme capitaine des Devils et sera aussi récipiendaire du trophée Conn Smythe remis au joueur le plus utiles des séries. Brendan Shanahan la gagnera aussi 3 fois, mais les 3 fois...en Red Wings. Le terrible Prof Caron tente de subtiliser Michel Goulet aux Black Hawks de Chicago mais ceux-ci accotent l'offre offerte. Tout ça en 1991.

Toujours en 1991, les Oilers se font soutirer Adam Graves qui acceptent les 5 ans a 2,44 millions des Rangers. NY doit donner une compensation. Edmonton veut Louie DeBrusk et Steven Rice. De la rudesse. Mais c'est Troy Mallette qui sera la joueur qui passera de NY à Edm. La même année, maintenant qu'on sait comment tout le monde est payé et que la LNH en sera à jamais, en quelque part, brisée, Boston fait une offre hostile de 5 ans à 5,375 millions pour Kevin Stevens, mais Pittsburgh accote.

En 1992, trois offres hostiles. Toutes accotées par le club original. Washington, tente d'avoir Dave Manson des Oilers, sans succès, Edmonton surpayent leur colosse à la défense. Les Sharks veulent Sergei Makarov des Flames, Calgary accote. Les même Flames offrent 2,7 millions pour un an à Teemu Sellane des Jets, Winnipeg le signe à ce montant. L'année suivante, San Jose essaie d'avoir Kelly Miller des Capitals mais Washington le conserve. Les Blues, sans relâche, offrent 5 ans à 10 millions pour Marty McSorley. Les Kings accotent mais l'échangent aussitôt aux Penguins en retour du moins coûteux Shawn McEachern. 

St-Louis ne cesse pas d'être hostile. le prof Caron est légitimement haï. Il quitte son poste en 1994, mais Mike Keenan prend sa place, en plus d'être l'entraineur chef. Ce ne sera pas mieux. Il offre à Peter Nedved 3 ans à 12 millions. Les Canucks ne veulent pas lui donner ça. Mais ont droit à une compensation qui sera Craig Janney et un choix de 2e ronde. Mais Janney refuse le Canada. L'étron. Un arbitre oblige alors Vancouver le rééchange avant même qu'il ne porte leur gilet, aux Blues, les fourrant, obtenant Nathan Lafayette, Jeff Brown et Bret Hedican. Keenan est mis à l'amende par la LNH pour avoir offert à Scot Stevens des Devils une nouvelle offre hostile irrégulière. St-Louis est aussi forcé de donner un 1er choix. Stevens restera un Devils. Keenan n'est pas mieux que le triste prof Caron.

Toronto, concession au flair bouché, offre 4 ans à 2,4 millions à Mike Craig des Stars de Dallas, offre qu'ils seraient fous d'accepter, d'autant plus qu'ils ont droit à une compensation. Peter Zezel et Grant Marshall deviennent Stars. Craig fera 50 pts, en 3 ans. Comme Leafs. 

Hartford veut Steven Rice des Oilers. L'aura. Mais devra donner quelque chose, ils offrent Robert Kron. mais un arbitre tranche en faveur le choix des Oilers qui était Bryan Marchment. Les Blues de 1995 obtiennent des Oilers le pire capitaine de la LNH, Shayne Corson. Ils doivent toutefois donner deux premiers choix, qui sont aussitôt rééchangés contre Curtis Joseph et Mike Grier. 

Les Rangers tentent d'avoir le dur Stu Grimson qui reviendra hanter leur Darren Langdon. Sans succès. Detroit le garde encore 3 ans. Les Black Hawks veulent l'Étatsunien père des frères Tkachuk, Keith, alors un Jets. Winnipeg accote l'offre de 17,2 millions pour 5 ans. Ottawa réussit à soutirer Ron Tugnutt aux Capitals et Dallas, Arturs Irbe aux Sharks. Les Rangers offrent 3 ans et 21 millions à Joe Sakic, mais l'Avalanche accote. Un film a été fait sur ce moment fébrile

Les Flyers offrent au joueur du lightning, qui venait de connaitre une saison de 30 buts (n'en fera jamais plus que 22), Chris Gratton 5 ans et 16,5 millions. Non, Tampa Bay n'accotera pas ces chiffres trop généreux. Une compensation leur est versée, 4 choix de première ronde, qui sont aussitôt rééchangés aux Flyers en retour de Mikael Renberg et Karl Dykhui. Avec Philadelphie payant une partie du salaire de Renberg.

Toronto essaie mettre la main sur le défenseur Mathias Ohlund des Canucks qui accotent l'offre. La Caroline offre 6 ans et 38 millions pour Sergi Fedorov. Detroit, occupé à gagner des Coupes avec lui dans les années 90, accote. 

Les 9 offres hostiles suivantes couvrent de 2006 à 2019 et seulement une est une réussite. Et fait sortir le plus laid de la LNH, l'intimidation.  En 2006, Ryan Kessler se fait offrir par Philadelphie 1 an à 1,9 millions, mais les Canucks le signent à ce montant. Le risque n'était pas grand à un an. Thomas Vanek, des Sabres, est solicité par les Oilers pour 7 ans et 50 millions. Buffalo le lui donne. David Backes se fait offrir par les Canucks 3 ans à 7,5 millions, les Blues le gardent à ce montant. Les même Blues offrent 1 an et 2,5 à Steve Bernier des Canucks qui restera à Vancouver à ce prix. Niklas Hjalamarsson des Black Hawks reste à Chicago 4 ans à 14 millions quand San Jose lui propose ces chiffres. Shea Weber des Predators se fait offrir 14 ans et 110 millions, du jamais vu. Du toujours payé jusqu'en 2026. Ce contrat ubuesque est offert par Philadelphie, Nashville l'accote. Calgary propose 2 ans à 10 millions pour Ryan O'Reilly, alors de l'Avalanche. Ceux-ci le signent à ce montant. 
Seul Dustin Penner passe des Ducks aux Oilers, en 2007, quand ceux-ci lui offrent 5 ans à 21 millions, nettement trop fou. Brian Burke, alors directeur maugréant des Ducks dira des Oilers qu'ils étaient bien partis pour rester le club le plus minable de la LNH. On ne pouvait pas s'attendre à mieux de Bully Burke.

Puis il y a eu Sebastian Aho qui avait eu le temps de se dire très fier de devenir un Canadien de Montréal avant que Don Wadell ne le signe à 42,27 millions et 5 ans. Et refasse le coup de la vengeance en proposant le démesuré 6 millions à Jesperi Kotkaniemi, deux ans plus tard, joueur qui ne l'a jamais valu. Waddell qui a surtout prétendu effrontément qu'il ne s'agissait pas d'une vengeance. Le con. Montréal a eu le 1er et le 3e choix des Cannes en 2022. Année où Montréal repêchait premier de la Ligue. 

Si je vous parles de tout ça, c'est que le 13 août dernier, les joueurs des Oilers, finalistes de la dernière Coupe Stanley, l'attaquant Dylan Holloway (22 ans) et le défenseur Philip Broberg (23 ans) se sont fait offrir, par les habitués de l'offre hostiles, les Blues de St-Louis, 2 ans chacun. Le premier à 4,58 millions, le défenseur à 9.16 millions. 

Pour Broberg, Edmonton a eu le un choix de 2e ronde des Blues l'an prochain. Pour Holloway c'est un choix de 3e ronde, aussi l'an prochain.

Une offre hostile, c'est une échauffourée bureaucratique. On en prends plein la cravate. 

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