mercredi 28 janvier 2015

Le Rôle du Secoueur de Puces

"I Changed the whole game, man, after that hit, we took control and we won the game"

Zac Rinaldo s'est convaincu qu'il était la première étoile du match dans la victoire des Flyers contre les Penguins.

Il a écopé de 8 matchs de suspension pour son geste contre Kristofer Letang.

Qui a raison? Le comité de discipline ou Rinaldo?

Pas évident.

Sur le jeu, Rinaldo complète une mise en échec contre un adversaire qui lui tourne le dos. Qui est coupable sur un tel jeu? Pas évident non plus. Un joueur est toujours responsable du dos qu'il tourne à l'adversaire. Mais Letang n'avait plus la rondelle depuis quelques secondes. Juste assez pour que Rinaldo ait encore légalement le droit de le frapper. Mais l'a-t-il fait légalement? Les deux pieds lèvent. Et il se donne un bon élan, On est aux frontières de l'assaut.

Comme l'agresseur était le talent réduit Rinaldo et que la victime était un candidat au match des étoiles. Rinaldo a été promptement suspendu. Le même geste commis pas Brayden Schenn contre Beau Bennett, disons, n'aurait probablement rien entraîné du tout, sinon une escarmouche. Contrairement à Letang, on peut voir sur la même séquence, Wayne Simmonds nettement anticiper l'arrivée de Steve Downie sur la rampe pour le frapper. Simmonds a fait ce que Letang a négligé de faire.

La logique de la ligue n'est pas facile à suivre dans ces dossiers. Je n'oublierai jamais le geste de Ryan Malone contre Chris Campoli en octobre 2011 en match pré-saison. Brendan Shanahan entrait en fonction en clamant haut et fort que les coups à la tête seront sévèrement punis. À 1:13 du clip, on voit très clairement que Malone atteint la tête de Campoli et qu'en plus, ses deux pattes lèvent pour y arriver. De plus, Malone y a été d'un geste désobligeant à l'égard de Campoli sur son chemin vers le banc des pénalités. Comme quoi il était aussi convaincu et fier de son coup que Rinaldo l'a été sur Letang.
Et pourtant Brendan Shanahan a donné zéro match de suspension moins un jour au grotesque Malone. Campoli était un joueur dont aucun club ne voulait et qui avait signé très tardivement dans le camps d'entrainement. C'était son premier match et il n'en jouerait pas un autre avant quelques mois en raison de la commotion subie sur ce jeu. Malone est celui qui ne joue plus aujourd'hui car personne ne veut de ce joueur brutal qui éprouve des problèmes de consommation hors de la glace.

Malone aimait bien frapper dans les dos aussi. On le voit bien en ouverture de cette séquence un an plus tard contre le même club. Les lâches aiment bien les dos. Observez bien 27 secondes plus loin comment il fait gratuitement tomber David Desharnais (#51 sur la gauche). Emelin a tout enregistré. Le geste est impuni. Montréal devra se faire justice face à ce fouteur de merde. À 0:43, il se venge. Tout aussi illégalement, mais lui, il sera puni. À 2:00, "cocaïne" Malone déploie tout ce qui lui reste de talent. Le Lighting gagnerait ce match 2-1 et son entraîneur, Guy Boucher, dirait fièrement de Malone qu'il a fait ce qu'il devait faire puisque la mise en échec d'Emelin au préalable était extrêmement dangereuse. (Mais pas les frappes dans le dos ou les dardages inutiles de Malone je présume...). Validant l'utilité de cet abruti du hockey.

Là aussi, si Malone fait le geste qu'il a commis sur Campoli, disons sur John Tavares, on a assurément un verdict de culpabilité. Et une longue suspension.

Malone et Rinaldo, vous l'aurez compris, sont des secoueurs de puces. Leur rôle est de réveiller les troupes d'un bon coup d'épaule ou encore de sécuriser le respect que l'adversaire doit tenir à votre égard. Ce n'est pas un rôle facile. C'est même très difficile. Être un joueur des Flyers ou du Lightning, j'aurais eu de la difficulté à défendre les gestes de mon propre coéquipier. Il faut une bonne dose de jugement afin de mettre en pratique ce talent physique qui PEUT se combiner à un potentiel de marqueur.

Chris Neil, Marc Staal. Alex Emelin, Niklas Kronwall, Brad Stuart, Dion Phaneuf à Calgary,  Scott Stevens ou Thomas Holmstrom sont tous, ou ont tous été à leur époque, relativement habiles pour distribuer le bons coups d'épaule aux bons moments.

Regardez comment The great 8 est brillamment dynamisé par une mise en échec contre lui.

Le tempo d'un match se décide quelques fois d'un seul coup d'épaule. Donné ou reçu.

Ce qui fait la différence entre ceux qui le font bien et ceux qui le font moins bien, c'est le jugement, mais aussi souvent, le niveau d'émotion et surtout la manière de gérer ses émotions. Dans le match de Rinaldo, le niveau d'émotion était extrême. Philadelphie et Pittsburgh, c'est la bataille de la Pennsylvanie. Ils sont chiens & chats. Canadiens/Boston. Dans le match entre TB et Mtl, le manque de jugement de Malone n'est plus à prouver. Ses choix de vie parlent pour lui.

Pour exercer le rôle de secoueur de puce adéquatement et réellement changer l'allure d'un match, il faut savoir canaliser ses énergies aux bons endroits. C'est-à-dire dans ses jambes, ses poignets, ses épaules, mais surtout dans sa tête.

Et jouer "enragé" comme dirait mon fils, mais sainement.
Pour faire gagner par pour blesser.
L'un ne va jamais avec l'autre.
(Faudrait le répéter à Cheap Kreider, ça)

C'est ce qui sépare le secoueur de puces ( le good grinder) du fouteur de merde.

Qui n'a plus sa place dans la LNH si il ne peut pas produire aussi OU offensivement OU défensivement.

Les Flyers le savent, ils ne sont pas bêtes, même si ils ont un goon comme gérant et un autre comme instructeur.

Rinaldo pratique acteullement avec le club  sur les unités de désavantage numérique.

Je ne vous ai même pas parlé de batailles.
Mais plutôt de coups d'épaule.
Et d'énergie bien (ou mal) placée.

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