mercredi 15 décembre 2021

Savoir Se Retirer Dignement


Le 18 avril 1999, l'immense Wayne Gretzky jouait son tout dernier match dans la LNH, dans l'uniforme des Rangers de New York. Il n'avait alors 37 ans. En 21 saisons dans la LNH, il venait de connaitre son unique saison où il avait marqué moins de points qu'il n'avait joué de matchs. 62 pts en 70 matchs. Premier marqueur d'un club qui ne faisait pas les séries. Il avait annoncé que c'était sa dernière, et il s'est retiré sans qu'on puisse le connaître mauvais joueur. Vieillissant inopportun. Malaise à trainer. 


1487 matchs, 894 buts, 1963 passes, 2857 points. 382 de plus en séries, en 208 matchs. 31 trophées individuels. Un livre des recors réécrit de son talent presqu'au complet. Et dont la tenue et la durée gardera son nom jusqu'à sa mort, même si Alex Ovechkin lui offre une maudite belle course pour le plus de buts, à vie. 

Sa sortie était aussi belle que son entrée dans cette ligue qu'il a complètement transformée de son art.


Raymond Bourque, après 20 saisons et 65 matchs remarquables avec les Bruins de Boston, il demandait à aller gagner la Coupe. On a exaucé son souhait et on l'a envoyé à la déjà puissante Avalanche. Mais Raymond n'était déjà plus le même. On excusait certaines grossières erreurs coûteuses sur le compte qu'il avait été si brillant longtemps...en Bruins...mais en Avalanche, on faisait avec. Quand il a finalement réussi à soulever la Coupe, j'étais parmi les rares qui n'en était pas ému. Il avait été Bruins, et terminait sa carrière avec un arrangement cheap à mes yeux. Je l'avais mis en mots. Une émission de sports à TQS avait lu mon texte. Paul Rivard l'avait lu m'avait-on dit. Je ne l'ai pas entendu, ce sont des amis et un oncle qui m'ont demandé si c'était bien moi. (des Hunter Jones, il n'en pleut pas au Québec). Bourque a pris sa retraite en soulevant enfin la Coupe. Toujours heureux de se retirer en signant son nom sur le précieux trophée

Mais c'était déjà une sortie moins gracieuse selon moi. Empruntée, même. 

Voici 5 autres cas qui m'ont marqué par leur mauvaise fin. De pourtant grands joueurs. 


Marcel Dionne

Dionne, qui avait établi tous les records dans la OHL (alors OHA) est repêché deuxième, derrière Guy Lafleur, au repêchage de 1971. Ce sont les alors pauvres Red Wings qui en font l'acquisition. Les agents de joueurs sont une nouvelle tendance alors. Toute neuve. Bobby Orr introduit Alan Eagleson, geste qu'il regrettera quand il sera devenu évident qu'Eagleson vole tout le monde, comme presqu'unique agent des joueurs de certains bons joueurs de la LNH. Dionne sera de ceux-là. Il connaît quatre formidables saisons, de 77 pts, 90 pts (dont 40 buts), 78 pts en 74, et pas moins de 121 pts, 47 buts, et une troisième place derrière Phil Esposito et Bobby Orr au championnat des marqueurs. Dionne est une superstar. Et il se morfond dans un club terrible qui ne va nulle part. Eagleson le force à demander davantage d'argent. La business du point des vue des joueurs pointe sa tête dans la LNH. 


Le proprio des Kings de Los Angeles lui offre 300 000$ par année. Detroit trouve un arrangement, acquiert Terry Harper, Dan Maloney, de l'argent et des choix au repêchage et envoie Dionne aux Kings. Personnellement, je sais l'appât du gain, très mauvaise conseillère. Dionne, en compagnie de Charlie Simmer et du jeune Dave Taylor sera le centre de la ligne qu'on qualifiera de triple couronne. Ils seront tous les trois splendides entre 1976 et 1983.  Dionne marque 40 buts et plus 7 fois, 50 buts et plus 6 fois, 36 buts en 70 matchs l'autre fois. Connait des saisons de 122, 130, 137, 135, 117, 107,126 pts. Gagne le Lady Bing deux fois, le Lester B.Pearson 2 fois aussi, le championnat des marqueurs avec Wayne Gretzky en 1980 (Mais Dionne a plus de buts). Il est définitivement candidat au temple de la renommée un jour. Mais L.A. est terrible en séries éliminatoires. Ne passe jamais la deuxième ronde. 


Bien que brillant mentor des jeunes Luc Robitaille, Steve Duchesne, Jimmy Carson, il ne veut pas faire partie d'un club en reconstruction et demande de jouer dans un club qui pourrait gagner la Coupe. Il est envoyé aux Rangers en retour de Tom Laidlaw et Bobby Carpenter. Ironiquement, les Kings qu'il quittait, pusiqu'ils n'étaient pas partis pour faire les séries...les feront. En 14 matchs, en fin de saison 86-87, il totalise 10 pts en 14 matchs. Il ne jouera que 6 matchs avec eux en séries. Il compile 65 pts en 67 matchs la saison suivante. Le club ne fera pas les séries. Il fait 16 pts en 37 matchs à sa dernière saison. Et joue ses 9 derniers matchs...DANS LES MINEURES.

Ouch! Grand joueur, fin pénible. Il se retire en 1989, à 38 ans. Légèrement humiliant.  

Guy Lafleur


Je n'ai jamais été un fan de Guy Lafleur. Mais mon # préféré est 10. Principalement en raison des formes linéaire et rondes placées une à côté de l'autre, que je trouves esthétiques. Rien ne m'insultait plus que de me faire dire que je devais être un fan de Guy Lafleur pour aimer...NON! J'ai commencé à m'intéresser sérieusement au hockey de la LNH en 1979-1980. J'avais 8 ans. J'avais bien, sur une carte de hockey qui me disait que Lafleur et Larouche avaient marqués 50 buts l'année d'avant. On me disait qu'il était bon. Mais les Nordiques arrivaient au même moment dans la LNH, j'en était mordu fan, il étai du club ennemi et ce que je voyais de lui, c'était un gars qui pouvait monter avec la rondelle et snaper vers le but contre des gardiens qui ne voulaient pas tomber par terre parce que c'était trop dur de se relever. Et surtout, 4 ans plus tard, l'entraineur Jacques Lemaire qui le gardait au banc pour ses carences en défensive, ça ne me convainquait pas de son utilité. Dans le club ennemi anyway. Gardé sur le banc par son ami Lemaire semblait une traitrise à l'époque, mais je me rappelle aussi que je me disais, "mais qu'il nous prouve qu'il est si bon si il est supposé être une superstar". Il ne m'était qu'agaçant.  Lafleur aura été néanmoins extraordinaire. Et de 1980 à 1985, il marquera encore trois fois de suite 27 buts, suivi d'une dernière saison de 30 et accumulera toujours entre 70 et 84 pts. Lafleur demande à être échangé si Lemaire reste, ce qui est refusé par Serge Savard. Il choisit donc de se retirer après 19 matchs et seulement 5 pts, et après une saison de -14, son unique dans le négatif avec les Canadiens. Il a 32 ans.


Mais Montréal gagne une très surprenante Coupe la saison suivante avec une demie-tonne de recrues. Et bientôt, les salaires seront rendus publics (ce qui n'avait jamais été le cas et n'aurais jamais dû l'être). Lafleur n'a jamais gagné autant qu'il aurait pu. Ce n'est pas que pour ça, mais aussi par amour pour son sport et parce qu'il ne considérait pas avoir une sortie aussi digne que l'inspiration qu'il avait été si longtemps, il revient en essai, en 1988, à 35 ans, dans un match hors concours, en camps d'entrainement, face aux Oilers, dans l'uniforme des Rangers. Il impressionne le directeur gérant et ancien adversaire Phil Esposito qui l'engage un an, contre 1 million de dollars. Hm...un peu pute, mais qui cracherait sur un million? ne soyons pas si catholique. Il marque 18 buts en 67 matchs, obtient 45 pts et 2 de ses buts sont à son premier match contre Montréal, au Forum, qui lui réserve une belle ovation et scande "Guy Guy Guy". Michel Bergeron, entraineur des Rangers, deviendra son grand ami. Après tant d'années de rivalités. 


L'année suivante, ce même Michel Bergeron fait un retour derrière le banc des Nordiques. Il amène avec lui Guy. Immense fan des Nordiques que je suis, je n'arrive pas à m'y faire. Lafleur en Nordiques? Une ancienne gloire des Canadiens dans notre vestiaire? La saison sera historiquement catastrophique. Je n'arrive pas à voir autre chose qu'une sorte de coup de marketing. Cette année-là Martin Madden plume le club en donnant Peter Stastny et Michel Goulet. Québec utilise 7 gardiens, gagne 12 fois en 80 matchs. Fameusement médiocres. Lafleur joue 39 fois, mais a désormais un mauvais genou. Il obtient 34 pts, ce qui n'est pas rien. Mais christ de saison de cabochons collectifs. Après la gloire ultime, il est maintenant à jamais associé à la pire des minableries. Il jouera une dernière saison avec les tristes Nordiques, qui n'en gagneront que 4 de plus. Il jouera 20 matchs de plus que la saison d'avant, et met un terme à sa carrière avec 12 buts, 16 mentions d'aide et 28 pts, à 38 ans. Connaissant deux saisons dans le négatif.

La sortie restait encore peu scintillante malgré l'immense joueur.

Glenn Anderson


Quand Anderson commence sa carrière dans la LNH, il atterrit chez Wayne, Mark, Kevin, Grant & Jari, à Edmonton, et marque tout de suite 30 buts à sa saison recrue, en 1980-1981. Il en fera 38 la saison suivante, 48 la saison d'après, et accumule respectivement 105 et 104 pts. Il sera formidable en séries éliminatoires quand son club se rend une première fois en finale, en 1982-1983, dans une cause perdante contre les Islanders, avec 20 pts en 16 matchs dont 10 buts. La saison suivante, Edmonton prend sa revanche contre ces mêmes Islanders , en finale, gagne leur premère, et freinent les multiples conquêtes de New York les empêchant d'égaliser la marque des Canadiens de Montréal de l'avoir gagnée 5 fois de suite (2 fois). Anderson obtient 17 pts en 19 matchs. Cette saison-là, il franchissait la barre de 50 buts pour la première fois avec 54. Il termine aussi la saison avec 99 pts. Son style agressif le met souvent aux prises avec le gardien Billy Smith. Des saisons de 81 pts, 102 (encore 54 buts), 73, 88, 64,72 et 55 suivront. Trop agressif son style de jeu attire les représailles et il se blesse de plus en plus régulièrement mais quand il joue, il produit beaucoup. De ses 11 saison avec Edmonton, il en connaît 9 de 30 buts et plus. C'est pas rien. "money player" il marquait aussi souvent sous pression. 5 fois il compte le but en supplémentaire en séries. Il a beaucoup mon style de jeu à moi aussi, donc je le remarque davantage. Dans la conquête de la Coupe de 1984-1985 (il aura 5 bagues au final), il obtient pas moins de 16 mentions d'aide, en 18 matchs et 26 pts. Deux ans plus tard, 27 pts en 21 matchs. Puis 25 en 19 la conquête d'après. Lors de la conquête de 1990, il obtient 22 pts en autant de matchs et sera l'un des 7 joueurs des Oilers à avoir gagné toutes les Coupes de l'histoire de la concession*.  

Il sera inclus dans un massif échange visant à rajeunir le club passant aux Maple Leafs, avec Grant Fhur et Craig Berube, en retour de Vincente Damphousse, Peter Ing, Scott Thornton et Luke Richardson. Comme Leafs, alors, on ne peut espérer gros. Mais 1993 est une splendide virée en séries éliminatoires. Ils seront du carré d'As. Et Anderson y est pour quelque chose avec ses 18 pts en 21 matchs. Toronto ne fait pas les séries l'autre saison où il s'y trouve où il fait encore 57 pts dans un club pénible. Il combine deux saison de 20 buts et plus et y obtient son 1000ème point. À la date limite des transactions, en 1994, il passe aux Rangers en retour de Mike Gartner. Il ira se chercher une dernière bague de la Coupe avec les Rangers, il a 32 ans. Facile de dire tout ça après, mais c'est là que mettre un terme à sa carrière aurait pu être une digne sortie. Au sommet.


Il est signé avec les Blues pour 36 des 49 matchs de la saison suivante. Il ne porte plus le 9 ou ses dérivés depuis Toronto, mais un # de réserviste, 36. Il jouera le reste de la saison, en Allemagne et en Finlande. Il parait maintenant usé. Comme Lindros en fin de carrière dont le style agressif attirait la même chose, il se blesse plus facilement. À 34 ans, il joue pour l'équipe nationale Canadienne. Les Oilers lui tendent à nouveau la main, et lui font jouer 17 matchs. Il y fera 10 pts avant de retourner aux Blues pour 15 matchs. Et 4 pts...Ne voulant pas quitter son sport, il jouera deux maths en Italie et 23 en Suisse avant d'accrocher ses patins. Son souvenir talentueux étant devenu pas mal lointain.

Comme Lafleur et Dionne, j'ai tendance à l'associer à ses trois- quatre dernières années de trop.  

Martin Brodeur 


Martin Brodeur est le plus grand gardien de l'histoire de la LNH. Le meilleur buteur aussi.  Récipiendaire du trophée Calder, du trophée Jennings 5 fois, du Vézina, 4 autres fois, champion de la Coupe Stanley 3 fois, en maintenant une moyenne de buts accordés par match de 2,24, en 22 saisons dans la LNH, il en a joué 21 avec les Devils du New Jersey. Détenteurs de multiples records comme le plus grand nombre de victoires (691), il en avait un facilement à sa portée si il avait joué une 22ème saison avec les Devils. Mais non. Il a choisi de tester le marché des agents libres. 


Il a alors fait un mauvais calcul. Je ne parlerai pas des mauvais calculs de sa vie privée, ça ne nous regarde pas et il faut être deux pour valser. Mais les mauvais calculs (en double, cette fois) étaient aussi au rendez-vous. 

Il a été un Blues pendant 7 matchs. Avec une fiche de 3-3 et un % d'efficacité de .899. Il a choisi de se retirer quand Brian Eliott est revenu de sa blessure et que Jake Allen brillait de tous ses feux. Brodeur tombait 3ème gardien. Il avait 42 ans. Il ne voulait pas être la mère de ses premiers enfants la troisième roue du carrosse. Ce n'est pas pleinement le souvenir qu'il faudrait en garder de lui. Il est toujours au sommet des meilleurs gardiens de l'histoire de la LNH.


J'ai pensé à ces sorties, légèrement ternies, quand j'ai entendu John Tortorella dire que la passe magique de Trevor Zegras était de la totale connerie.

De la jalousie, oui.

Il faisait pitié de vouloir tenter d'attirer l'attention ainsi,Tort. 


Et confirmait qu'il ne coacherait plus jamais sérieusement dans la LNH. 

Son style est d'une autre époque. 

Tortorella est maintenant étron. 

Professionnel. 

*Randy Gregg, Kevin Lowe, Grant Fhur, Charlie Huddy, Jari Kurri et Mark Messier sont les 6 autres


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