mercredi 30 mars 2022

Eugene Melnyk (1959-2022)


Quand la formation musicale OneRepublic a connu son grand succès Apologize, en 2007, c'est devenu la chanson préféré de mon fils et de ses amis, je l'ai donc entendue souvent. Je restais impressionné, non impressionné n'est pas le mot, légèrement agacé,  par la présentation continuelle de la chanson, procédé qui depuis, à fait école. 

Apologize- OneRepulic featuring Timbaland

Featuring Timbaland 

Je viens de vérifier, c'est pire c'est Timbaland featuring OneRepublic!

Featuring le producteur comme il existe un producteur derrière chaque chanson depuis la nuit des temps. Je ne comprenais pas, n'aime toujours pas, voir cet exposition de l'ego qui, du point de vue du fan, semble un bruit de trop. OneRepublic est une groupe qui débutait et la notoriété du producteur était plus grande que celle de l'artiste. C'était donc l'argent qui parlait. Et quand l'argent parle par dessus l'art, je n'aime pas, non. On ne dit pas The Beatles featuring Georges Martin ou David Bowie featuring Brian Eno. U2 featuring Brian Eno et Daniel Lanois. Pourtant la production de leurs oeuvres sont historiques. 


Il en va de même pour les propriétaires de clubs sportifs. Leur support, ne serais-ce que financier, est essentiel. Mais du point de vue sportif, du point de vue du fan, quelques fois même du point de vue du joueur, on est pas tenu de savoir c'est qui et on ne s'y intéresse pas tant. On voit les soldats sur le terrain, sur et derrière le banc, et à la limite, on jette un oeil sur l'architecte du club, au deuxième étage, le directeur gérant, mais le proprio. Bah! Gagne une coupe Stanley, on saura peut-être t'es qui, mais outre à Montréal ou Toronto. On ne s'y intéresse pas trop. 


Et souvent, on, les fans, les observateurs, les joueurs, entraineurs et gérants, n'exigent d'eux aucun conseil sur le sport lui-même. Tu es le chef organisationnel, mais pas le stratège sportif. Ceux dont on entend parler, bien souvent, ce sont pour les mauvaises raisons. 

Marcel Aubut, Ronald Corey, Geoff  Molson. Parce que nous sommes au Québec et que nous respirons le hockey jusque dans nos rêves. Aubut était celui des Nordiques de Québec. Il était terrible. Le temps l'a confirmé, au civil. Il a une personnalité ridiculisable et dure à respecter. Eric Lindros n'a jamais été impressionné par sa présence et, contaminé par sa raciste de mère, Lindros a aussi levé le nez sur la population Québécoise. Quand Aubut a plaidé sa cause, au début des années 90, au maire Jean-Paul Lallier, afin d'avoir des fonds publics pour construire un plus grand aréna, Lallier, très intelligemment, a refusé de faire payer les citoyens pour une ligue qui commençait à divulguer publiquement les salaires des joueurs, et qui par le fait même, ne contrôlait plus rien de ses folles dépenses. Aubut lui disait que la flambée des salaires allait freiner, alors que le joueur le plus payé (Mario Lemieux) ne gagnait que 5 millions. Il avait tout faux. 


Aujourd'hui, Rasmus Ristolainen gagne 400 000$ de plus que ce 5 millions. (et il ne le vaut pas du tout) et ce n'est pas que de l'inflation.

Lallier avait plus que raison. L'argent dans cette Ligue est hors de contrôle, ce n'est pas aux petits marchés d'en faire les frais.

On connaît les proprios de Montréal parce que le club est notre église. On tient à en connaître les bâtisseurs de cathédrales. Ils sont parmis les saints, eux aussi, les Glorieux.  Mais voyez, même à Toronto, très peu, sinon personne, ne sait que Larry Tanenbaum en est le président.


Eugene Melnyk, on savait qu'il était proprio des Sénateurs d'Ottawa. On le savait pour les mauvaises raisons aussi. Ce qui reste un brin injuste. Il a été brillant homme d'affaires. Peu savent que ses parents sont aussi d'origine ukrainienne. Dans les années 80, il fonde une compagnie de recherche médicale qui devient multimilliardaire en 2006. Il n'est donc pas si trouffion. 


Mais pourquoi l'aurait-on trouvé si trouffion ? Pour les même raisons qui font que certains proprios restent en mémoire. Il s'était quelques fois ingéré dans les stratégies d'équipes, alors que son talent se trouvait dans les stratégies d'affaires. Il y a deux ans, il a promis une coupe Stanley d'ici 2024. Bonjour la pression sur les soldats et leurs supérieurs. C'est en 2003 qu'il a payé 130 millions de sa poche pour en être le propriétaire. Le club tombait en faillite à la mi-saison et allait quand même terminer première au classement général de la LNH. Trois ans plus tard, Ottawa éliminait les Penguins de Sidney Crosby, Evgeny Malkin et Michel Therrien, les Devils du New Jersey de Claude Julien et Martin Brodeur avant d'éliminer les Sabres de Buffalo et atteindre une finale dans une cause perdante contre les Ducks d'Anaheim.


Les choses regardaient forcément bien pour les Sénateurs qui étaient en véritable lune de miel avec leurs fans. Du vrai succès, 20-25 ans après être revenus dans la LNH. Eugene était parmi les raisons. Le restera. Même si l'aréna local des Sénateurs est atrocement situé et difficile d'accès, causant d'impensables trafic qui rebutent tout le monde, taxi inclus, dans les premières années de sa tenure comme proprio, les salles sont combles. Mais la géographie de l'aréna, ainsi que les mauvaises performances du club, l'inconsistance font en sorte que les ventes de billets dégringolent rapidement. Même en 2017, alors que sous la direction de l'entraineur Guy Boucher, on se rend au carré d'As, on ne remplit pas l'aréna. AU CANADA! Un problème encore actuel. 


En 2015,  c'est le foie de Melnyk qui fait des siennes et il fera un appel urgent à tous via les réseaux sociaux afin d'être en mesure d'avoir une greffe. Donneur anonyme à la rescousse, il sera sauvé. Ce donneur n'exige qu'une Coupe Stanley en retour. On s'y rend presque, en 2017. Melnyk devient très important philantropiste.

Même si Ottawa fait les séries, les Senateurs n'arrivent pas à remplir leur aréna. Même que lorsqu'ils le font, c'est parce que Montréal ou Toronto y joue et les fans des adversaires y sont même plus nombreux. Humiliant quand on entend sa propre foule crier en faveur du club adverse. C'est encore ainsi de nos jours. Ottawa n'est pas très loin des deux villes et les billets pour assister aux matchs sont beaucoup moins chers.


Melnyk sombre dans la franche controverse quand les vedettes commencent à quitter le navire (Alfredsson, Karlsson, entre autres) et que Melnyk menace de déménager le club si les fans ne se déplacent pas aux matchs. Une rare campagne de haine se met en marche. Des fans achètent des panneaux publicitaires afin de faire passer le fond de leur pensée. 


En 2019, il comprend qu'un nouvel emplacement pour jouer serait probablement nécessaire. Il croit avoir une entente dans le secteur de Lebreton Flats, mais le projet échoue sans élégance à coups de poursuite en cours. Melnyk a flirté un temps avec la région de Gatineau, mais n'a pas réussi à y trouver des opportunités importantes. 

Il est décédé lundi d'une maladie non révélée. À l'âge de 62 ans. 


Il a été salué par la capitaine des Senateurs, Brady Tkacuk, sur les réseaux sociaux, au nom de l'équipe.

Qui ne fera pas les séries cette saison, pour la 5ème année de suite après avoir atteint le carré d'As, en 2017.

Dans un aréna pas plein.

Il laisse dans le deuil deux filles, et un héritage estimé à 1,21 milliards.

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