mercredi 27 avril 2022

Guy Lafleur (1951-2022)

Né à Thurso, dans le secteur de Gatineau, il se rend ponctuellement à l'aréna locale, avant son ouverture, pour y entrer par effraction et y patiner tout en décochant des lancers dans des filets déserts, tout en prenant bien soin de tout remettre comme si personne n'y était passé, malgré les évidentes marques de patin sur la glace forçant le resurfaseuse à repasser sur la glace. 

À 12 ans, il domine complètement son sport. On le fait jouer avec les plus vieux. Il est plus rapide, comprend mieux le jeu que les autres et à déjà un lancer foudroyant. Grandissant en ne manquant aucun match des Canadiens, il est fasciné et inspiré par Jean Béliveau et portera son #4 chaque fois qu'il le pourra. À 14 ans, il joue avec les 18 ans, À 15, on le fait jouer pour les As de Québec où il y joue deux saisons et 8 matchs, marquant 81 buts, obtenant 80 mentions d'aides pour 161 pts en 100 matchs. 

La toute naissante Ligue Junior Majeure de Hockey du Québec le prend à l'âge adulte, avec les Remparts de Québec. Il y fait dès sa saison recrue 170 pts, dont 103 buts et aide son club à atteindre la finale de la Coupe Memorial (Perdu contre le Canadien Junior de l'Ontario avec Gilbert Perreault, 1er choix de la LNH, l'année suivante). Pour gagner leur passeport pour la Coupe Memorial, Guy, avec les Remparts, avait marqué 43 pts, dont 25 buts, en 15 matchs. L'année suivante, il marque 130 fois, obtient 209 pts. Les trois premiers marqueurs de la Ligue sont des Remparts, Lafleur, Michel Brière et André Savard, et ceux-ci terminent premier, 32 points devant les plus proches poursuivants. Le record de 130 buts ne sera battu, par 3 buts, que 13 ans plus tard, par Mario Lemieux. Totalisant encore 43 pts (en 14 matchs, 22 buts) les Remparts accèdent encore à la Coupe Memorial, récompensant la meilleure équipe canadienne Junior au pays. Cette fois, dans le tumulte, les Remparts gagne cette Coupe Memorial, haut la main. 


Montréal, après avoir gagné 5 des 7 dernières Coupes Stanley, magouille auprès d'un gérant novice pour obtenir le premier choix au repêchage de 1971, dans la LNH. Le timing est parfait, Béliveau prend sa retraite et passe la flambeau au point de loger Lafleur chez lui, à ses débuts. Il lui propose de prendre son #4, mais celui-ci refuse et prendra le #10.

Il débute à Montréal, en même temps que Ken Dryden, que le nouveau capitanat d'Henri Richard et que le nouvel entraineur, Scotty Bowman. Il obtient 64 pts, en 73 matchs, à 19 ans. La saison suivante, il obtiendra 55 pts, en 69 matchs et 28 buts. Mais il gagne sa première Coupe Stanley. Avec un modeste 8 pts, en 17 matchs.

Sa troisième saison, il totalise 56 pts en 73 matchs, et 21 buts. Ce seront ces trois uniques saisons, casqué. Au début de la saison 1974-1975, il joue "avec pas de casque". Il hérite vite du surnom du démon blond et obtient la première de 6 saisons consécutives de 50 buts ou plus (53) et de plus de 100 pts (119). Les saisons qui suivent, il marque 56, 56, 60, 52 et 50 buts et totalise 125, 136, 132, 129 et 125 pts. Il gagne le championnat des marqueurs en 1975-1976, en 1976-1977 et en 1977-1978, le Leaster B.Pearson, en 1975-1976, 1976-1977, 1976-1977 et 1977-1978. Il gagne le Hart, remis au joueur le plus utile de la LNH, deux ans de suite, en 1976-1977 et en 1977-1978.  Il signe aussi son nom 4 fois de plus sur la Coupe Stanley, entre 1976 et 1979 tout en gagnant le Conn Smtyhe de 1977, l'année légendaire des Canadiens de seulement 8 défaites*. 


Cette année-là, un match mythique le placera au coeur de l'action.

Nous sommes au 7ème match de la demie-finale entre les Bruins de Boston, de l'entraîneur obscène, Don Cherry et les Canadiens de Montréal. Le club gagnant ira faire face aux Rangers de New York, en finale. 


Au défunt forum de Montréal, Rick Chartraw écope d'une pénalité pour bâton élevé et Rick Middleton en profite pour marquer son 3ème des présentes séries. Mais Bob Miller est au cachot pour avoir accroché, plus tard dans la même période, et Jacques Lemaire fait 1-1 en avantage numérique aussi. En 2ème, la capitaine Wayne Cashman fait 2-1, 27 secondes au début de cette période. Il doublera l'avance aussi, avec moins de 4 minutes à faire en deuxième. Middleton a 3 pts, c'est 3-1 Boston. On se vengera peut-être enfin d'années d'humiliation face aux Canadiens, une fois pour toute. Mais en troisième Mark Napier, aidé de Lafleur, fait 2-3 et Guy Lapointe, profitant d'une pénalité à Dick Redmond pour avoir accroché, encore aidé de Lafleur, créé l'égalité deux minutes après l'autre. Sauf que Rick Middleton, encore lui, avec moins de 4 minutes à jouer, donne les devants 4-3 aux Bruins. Ça semble cuit pour Montréal. Mais avec 2:34 à jouer, Boston se fait prendre avec trop de joueurs sur la glace. 


Pour le restant de leur existence les mots "too many men" sont hantés à Boston. Pendant cette avantage numérique, avec 1:14 à faire, Guy Lafleur marque un but typique de sa part, signature qui lui collera à la peau jusqu'à sa mort, créant l'égalité et électrisant le Forum comme jamais. 

En supplémentaire, Mario Tremblay sert une passe parfaite à Yvon Lambert et Montréal non seulement retourne en finale, mais gagne encore la Coupe Stanley.

Ce but reste mythique. La légende est gravée dans les mémoires à jamais. 


Quand j'ai vraiment connu Guy Lafleur, il était placé sur le banc pour ses lacunes défensives et était malheureux dans ses derniers moments à Montréal. On avait beau me dire qu'il était légendaire, j'arrivais pas à être épaté par ce que je voyais. Et j'étais si passionné par mes Nordiques, pourquoi me convaincre qu'il serait si intéressant ? Youtube et le net n'existaient pas. Il faut reconnaître qu'il était immense pour son époque. Qui n'était plus la sienne à l'aube des années 80. Il connaitra des saison de 70 pts, 84, 76, 70 et jouera 19 matchs en 1983-1984, avant de prendre sa première retraite.

Mais Henri Richard voit juste en disant que Guy reviendra au jeu. Il le fera en 1988, avec les Rangers. Et à son premier match au Forum, contre un jeune Patrick Roy, il marque 2 fois. Soulevant pour une rare fois la foule pour un joueur de l'équipe ennemie. Il n'y jouera que 67 matchs, 18 buts, 45 pts, et jouera deux saisons à Québec, avec mes Nordiques, une sorte d'impropriété en ce qui me concerne, mais une boucle qui se ferme pour celui dont l'étoile à commencer à briller pour tous dans cette ville. 

Composante de la glorieuse sainte trinité des Canadiens de Montréal, avec Maurice Richard (les années 50) et Jean Béliveau (les années 60), Guy Lafleur (les années 70) aura lui aussi, comme les deux autres, des funérailles nationales au Québec, suite à son décès, le 22 avril dernier, du cancer du poumon. Il avait été avide fumeur, même de son temps de joueurs. 

Parce qu'il aura été légendaire pour la nation Québécoise et son sport.

Il aimait les gens et ceux-ci le lui rendait bien. Il était comme Mike Bossy qu'il rejoint, une semaine plus tard. 

Simple et vrai. 

Bye bye démon. Merci. 

Toute ma vie j'ai dû expliquer que mon amour du #10 en général n'avait rien à voir avec Lafleur. Mais le week-end dernier. J'aurais peut-être prétendu le contraire. Juste pour faire ce que Lafleur faisait à la perfection, et c'était sa plus belle qualité:

Plaire. 

*qu'on a toutes beaucoup pleuré dira Jacques Lemaire, des années plus tard:), entraineur des Devils. 


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